Vingt-cinq ans après sa première rétrospective, François Morellet est de retour au Centre Pompidou. À tout seigneur, tout honneur : s’il y avait été en 1986 l’hôte des « Galeries contemporaines » – comme on nommait alors les espaces d’exposition à hauteur de la mezzanine –, il l’est aujourd’hui de la « Galerie 2 », au sixième étage du navire, celle qui est aujourd’hui réservée aux plus grands et aux plus fameux des artistes.
Pour ce retour, Morellet a choisi de remettre en jeu tout un ensemble de pièces qui procèdent de l’installation et qu’il a réalisées au fil du temps, ici et là, sur le mode éphémère, comme il en est de la nature même de ce genre de prestation.
S’il n’est plus temps de présenter l’artiste, originaire de Cholet, né voici quatre-vingt-cinq ans, figure majeure d’une abstraction géométrique et construite qui dépasse et met en échec tous les canons qui la déterminent, le retrouver est un pur enchantement. Elles sont rares les œuvres qui n’ont jamais dit leur dernier mot, et celles de Morellet sont de cette trempe parce qu’elles se jouent d’elles-mêmes, de leur auteur et de ceux qui les regardent. Une œuvre de Morellet n’est jamais ce que l’on croit qu’elle est, car elle a toujours plus d’un tour dans son sac et réussit chaque fois à nous déstabiliser.
Justement intitulée « Réinstallations », l’exposition du Centre Pompidou retrace en vingt-six œuvres les grands moments de la carrière de l’artiste, de 1963 à aujourd’hui. Il y va de trames, de grilles, de superpositions, d’interférences, de permutations, bref, de tout un vocabulaire d’une géométrie mise à mal, biaisée, détournée, dans des jeux de leurres visuels multiples qui interrogent le regard, le bon et le mauvais sens. Éloge du paradoxe, du pied de nez et de la contrepèterie.
S’il est un provocateur-né, François Morellet l’est dans un but parfaitement sain : celui de ne jamais se prendre au sérieux de sorte à se préserver de l’ennui, dont Baudelaire nous rappelle qu’il est « le plus immonde dans la ménagerie de nos vices ». Si Morellet se donne des contraintes, c’est pour mieux leur échapper ; s’il s’impose des règles, c’est pour mieux les enfreindre ; s’il échafaude des protocoles, c’est pour mieux les faire s’écrouler. De cette dialectique des contraires, il a construit une œuvre d’une rare vitalité et d’une incroyable fraîcheur.
Centre Pompidou, Galerie 2, niveau 6, Paris IVe, www.centrepompidou.fr, jusqu’au 4 juillet 2011.
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Morellet, le retour
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°633 du 1 mars 2011, avec le titre suivant : Morellet, le retour