Dans la cour de l’hôtel de Caumont, en préambule du solo que lui consacre la Collection Lambert, Pascale Marthine Tayou (né en 1966) a placé une sculpture en bronze doré que personne n’imaginera être de lui.
La présence de cette œuvre ancienne (Tug of War, 2007), représentant un couple uni par le fil rouge d’une tension érotique, est moins une façon, pour le plasticien, de déstabiliser le public que d’ouvrir son regard, en évitant de se laisser enfermer dans des formes prévisibles. Cette invitation à rester en éveil est redoublée dès l’entrée par trois piquets en bois tricolores, pendant du plafond tels des pieux prêts à transpercer le visiteur et à piquer sa curiosité (Semences BBR, 2023). Alerté, celui-ci pourra alors suivre le récit d’un « chaos-monde » (la formule est d’Édouard Glissant) réduit à des statistiques, de l’universel besoin d’amour, des blessures laissées par l’histoire de la colonisation et de l’effacement des mémoires individuelles. Tout reste cependant suggéré (notamment par les titres) au long d’un parcours qui va crescendo pour se déployer en installations monumentales, avec un sens stupéfiant de l’espace et de la couleur. Usant de matériaux de rebut plastiques sublimés, Pascale Marthine Tayou pourrait passer pour un lointain héritier de l’arte povera, mais aussi de Matisse (les tôles ondulées de Tornadoévoquent les papiers découpés du peintre). Quant aux Poupées Pascale en cristal, très emblématiques de son travail, l’exposition en comporte cinq, cachées dans la dernière salle.
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Marthine Tayou, Dieu des petits riens
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°767 du 1 septembre 2023, avec le titre suivant : Marthine Tayou, Dieu des petits riens