Art contemporain

Marinette Cueco au fil des fibres

Par Itzhak Goldberg · Le Journal des Arts

Le 21 janvier 2022 - 361 mots

DUNKERQUE

Depuis les années 1980, l’artiste lie entre eux des éléments végétaux et minéraux à partir de leur singularité propre.

Dunkerque (Nord). Il faut cheminer lentement parmi les travaux de Marinette Cueco (née en 1934) pour les appréhender. Les œuvres de celle qui pratique un « land art de proximité » s’adressent au spectateur avec une délicatesse infinie. L’artiste emploie les composants de la nature d’une façon discrète, ne cherche pas à bouleverser l’environnement mais y laisse des traces légères, parfois à peine perceptibles, à la limite de la visibilité. À partir de divers « échantillons », organiques ou minéraux, plantes, ardoises ou pierres, elle fabrique des objets et des installations homogènes, mais dont chacun des éléments conserve son caractère particulier.

L’attention extrême que Marinette Cueco porte à la matière s’explique probablement par son parcours. Chez elle, le monde végétal est présent dès ses premières créations. Tout laisse à penser que la langue des plantes est son langage propre, son dialecte naturel. Ainsi, le visiteur du Laac (Lieu d’art et action contemporaine) est accueilli par les « Tresses et Entrelacs », des fibres tressées et nouées, dont les premiers travaux datent déjà des années 1980. Puis, ce sont les « Herbiers » que l’artiste définit comme « un inventaire botanique, résultat de recherches, de cueillette et d’approche intime du végétal dans sa diversité inventive » (Arbre de Judas, Cercis Siliquastrum, 2006). Suivent les « Ardoises », ces rencontres étonnantes entre minéral et végétal. Rencontres qui se développent dans l’espace et se transforment en un mini-jardin éblouissant (Hivernage, pelotes et fagots d’ampelopsis sur terre rouge, 1980-2000).

Nouer, tisser, tresser, entrelacer, festonner…

Le travail de Marinette Cueco, même s’il met en valeur telle ou telle plante, même s’il s’adapte parfaitement aux différentes espèces botaniques, à la forme d’une pierre ou d’une ardoise, se fonde toujours sur le principe de l’unification. Noués ou tissés, tressés ou tricotés, entrelacés ou festonnés, les différents éléments, avec les qualités tactiles ou visuelles qui leur sont propres, servent avant tout à constituer des matières ou des textures variables. « Trouvez d’abord le matériau que votre corps et votre main aiment »,écrit l’artiste. Autrement dit, l’artiste a le don de convaincre la nature de se métamorphoser, mieux, de partager ses souhaits les plus secrets.

Marinette Cueco. L’ordre naturel des choses,
jusqu’au 5 mars, Laac, Jardin de sculptures, 302, av. des Bordées, 59140 Dunkerque.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°581 du 21 janvier 2022, avec le titre suivant : Marinette Cueco au fil des fibres Depuis les années 1980, l’artiste lie entre eux des éléments végétaux et minéraux à partir de leur singularité propre

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