Le Musée des beaux-arts de Dole nous invite à redécouvrir la richesse et la diversité du travail d’Henri Cueco (1929-2017) au-delà de son appartenance à la Figuration narrative.
Sinon rétrospective, cette exposition est néanmoins représentative de l’ensemble de la carrière du peintre érudit et prolifique, et se déploie harmonieusement au rez-de-chaussée de l’ancien pavillon militaire du XVIIIe siècle. Réunissant plus de deux cents œuvres, l’exposition, structurée en grandes thématiques, a été pensée comme un « journal » avec la volonté de « traverser l’œuvre ». La première salle est consacrée au dessin, domaine où Cueco était virtuose, tandis que la dernière, nichée au troisième étage, présente l’aspect le plus politique de son travail, avec notamment la série des Hommes rouges dans laquelle il « peint l’histoire en marche d’un corps collectif », selon les termes de Julie Crenn et Amélie Lavin, commissaires de l’exposition. Résolument engagé, le travail d’Henri Cueco s’intéresse autant à la « grande peinture » qu’aux sujets les plus triviaux. Se côtoient ainsi des réinterprétations de tableaux de Philippe de Champaigne ou Delacroix et des imagiers dressant le « portrait » d’objets ordinaires, ou encore des peintures d’animaux et de paysages corréziens, ainsi qu’une série de dessins érotiques. La force de l’œuvre de Cueco réside dans le subtil mélange d’érudition et de trivialité, de gravité et d’esprit potache. En contrepoint de l’organisation thématique, l’exposition débute, ou se conclut, dans l’espace d’accueil par une frise de « petites peintures », proposant une synthèse chronologique de la carrière de l’artiste. Une touchante exposition-hommage, généreuse et instructive.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°741 du 1 février 2021, avec le titre suivant : Émouvant hommage à Henri Cueco