Quatre cents ans après la naissance de François Mansart, l’exposition des Archives nationales vient opportunément rappeler l’importance de cet architecte, trop souvent confondu avec Jules Hardouin-Mansart, son petit-neveu. La présentation, pour la première fois, de tous ses dessins autographes illustre la fertilité de son imagination.
PARIS. Hôtels et châteaux détruits, projets inaboutis, les mésaventures de François Mansart avec son temps puis avec la postérité ont souvent réduit son œuvre à une architecture de papier, consignée dans de somptueux dessins. Nul architecte mieux que lui ne se prêtait donc à une exposition comme celle des Archives nationales, qui propose l’essentiel de son œuvre graphique dans le décor rocaille de l’hôtel de Rohan. L’acte présenté en ouverture du parcours souligne le prix très tôt accordé à ses dessins : par une convention du 15 octobre 1666, ses héritiers avaient convenu de conserver en indivision les projets relatifs au Louvre et à la chapelle des Bourbons et de les déposer dans un coffre-fort. Si l’intérêt à l’époque était économique, la valeur artistique et historique de ces remarquables dessins à la plume éclipse aujourd’hui toute autre considération. Le dessin pour le portail de l’église des Feuillants, récemment entré au Louvre et vraisemblablement le premier de sa main conservé, révèle, dès sa jeunesse, le perfectionnisme de l’architecte. Du dessin à la gravure, par laquelle l’œuvre était déjà connue, les colonnes lisses se font cannelées, inaugurant la longue suite de revirements dont sa carrière sera riche. Plus loin, sur le projet définitif du château de Berny, le bouillonnant architecte a rajouté au crayon des niches entre les fenêtres. Cette recherche compulsive d’une solution idéale par nature inaccessible a fait sa réputation et n’a pas manqué d’effrayer un commanditaire prudent comme Colbert, agissant pour le Roi. Comment aurait-il pu trancher entre les quelque huit variantes proposées par Mansart pour la façade orientale du Louvre ? Avec ou sans coupole, avec ou sans avant-cour, toit à la française ou à l’italienne, plusieurs palais auraient pu être édifiés à partir de ces projets. Et encore, sur certains d’entre eux, Mansart a-t-il ajouté de nouvelles possibilités au crayon ! Pour introduire un peu de relief dans l’exposition, rythmée par des chapiteaux du château de Blois, des maquettes d’œuvres disparues comme l’hôtel de Jars, ou jamais construites telle la chapelle des Bourbons, ont été réalisées. Pour Blois, des parties restées à l’état de plan ont été ajoutées, révélant mieux qu’une planche l’ambition du grand dessein de Mansart. Par ailleurs, les plans des sites qui complètent la documentation sur chaque château soulignent sa réflexion sur la place de l’architecture dans le paysage, encore perceptible aujourd’hui à Balleroy, par exemple.
Jusqu’au 17 janvier, Centre historique des Archives nationales, Hôtel de Rohan, 87 rue Vieille-du-Temple, 75003 Paris, tél. 01 40 27 62 18, tlj sauf lundi et jf 12h-18h. Catalogue sous la direction de J.-P. Babelon et C. Mignot, éd. Gallimard, 304 p., 290 F. Petit Journal, 30 F.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Mansart l’aîné
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°70 du 6 novembre 1998, avec le titre suivant : Mansart l’aîné