Espagne - Art contemporain

L’univers fantasque de Jordi Colomer

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · Le Journal des Arts

Le 5 juillet 2024 - 445 mots

Le Musée d’art contemporain de Barcelone a rassemblé plus de 150 œuvres de l’artiste catalan.

Espagne. « No ? Future ! » est le slogan figurant sur une voiture stationnée dans la rue, devant les grandes baies vitrées du Macba. C’est l’une des œuvres de la plus importante rétrospective consacrée au Barcelonais Jordi Colomer (62 ans), représentant du pavillon espagnol à la Biennale de Venise en 2017, où se rencontrent collages, installations audiovisuelles, séries photographiques et sculptures de la fin des années 1980 à aujourd’hui, qui font converger dans leurs récits réalité, fiction et utopie.

Entrer dans l’exposition de « Jordi Colomer », c’est pénétrer dans un joyeux capharnaüm : les installations se côtoient, les sons et les images se rencontrent, sans ordre apparent. Un choix délibéré de l’artiste qui fuit l’ordre chronologique classique. Déroutante, cette confusion incite le visiteur à déambuler aléatoirement d’œuvre en œuvre, en se laissant surprendre par l’itinéraire personnel qu’il se dessine lui-même. « Je voudrais que chaque visiteur vive une expérience totalement unique », explique l’artiste.

Jordi Colomer accorde une place majeure dans son œuvre aux rapports humains à la ville, qu’il souhaite habiter poétiquement : à la périphérie du Mexique, sur des toits au Maroc ou dans une rue d’Oslo, il place des maquettes en carton à l’effigie d’immeubles, des piñatas ou des écriteaux, organise des parades et des processions, conférant une grande importance à la performance dans ses travaux, l’exemple de la vidéo « Modena Parade » (2022) et de la série photographique « Crier sur les toits » (2011). La scénographie de l’exposition recrée une « logique d’une petite ville, avec ses places, ses ruelles et ses avenues, permise par la disposition des œuvres elles-mêmes », explique l’artiste. Le motif des bâtiments, très récurrents, joue un rôle de personnage à part entière dans l’univers artistique de Colomer. Ils racontent à la fois un passé dictatorial, les prétentions internationalistes, les périphéries dans le monde et les vagues d’immigrations des années 1970. « Les bâtiments nous racontent l’Histoire en même temps que des histoires », précise l’artiste.

Parmi la sélection d’œuvres, seules trois réalisations sont nouvelles : Abecedario Argentino (2023), où des enfants de Buenos Aires explorent des concepts à partir de leurs initiales, Spanish Coast et Le Balcon, œuvre réalisée en partenariat avec l’association de la Maison des enfants du Raval. Deux géants, motif récurrent dans la culture populaire barcelonaise, destinés à être placés sur le balcon du musée et sur la place publique, en dialogue, ont dansé lors de l’inauguration et le feront à plusieurs reprises pendant l’exposition. « J’aime penser que nous avons mis en scène quelque chose de jamais vu auparavant, qui mêle la ville, le musée, l’art contemporain, les traditions et la participation populaire, dans une ambiance joyeuse », résume l’artiste.

« Jordi Colomer »,
jusqu’au 24 septembre 2024, Musée d’art contemporain de Barcelone, Plaça dels Àngels, 1, 08001Barcelona.
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°636 du 21 juin 2024, avec le titre suivant : L’univers fantasque de Jordi Colomer

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