Oh, un bracelet hochet ! Un bracelet hochet de plus de deux mille ans, retrouvé à Rouen. Si l’on s’y attarde un peu, on croit entendre tinter sa clochette, ses perles de verre, ses défenses de sanglier… et les rires du petit enfant qui en faisait sa joie.
Cet enfant mourut à l’âge de deux ou trois ans, et ceux qui l’aimaient déposèrent le jouet dans la tombe, à côté du petit corps. Ce jouet est l’une des premières pièces de l’exposition que Lugdunum – Musée & théâtres romains consacre au jeu dans l’Antiquité. Fruit d’un important programme de recherche européen dirigé par l’archéologue Véronique Dasen, sa commissaire, au sein de l’université de Fribourg, l’exposition invite petits et grands à découvrir l’importance du jeu dans la société antique, à travers des objets archéologiques d’une grande rareté, présentés dans une scénographie ludique. Chevaux à roulettes, dînettes où l’on distingue parfois un portrait de la petite fille, figurines de femmes enceintes au ventre amovible recelant un bébé – figurant une maternité que la jeune défunte n’aura pu connaître dans sa vie terrestre –, toupies et jeux d’osselets nous éclairent sur la place du jeu dans l’Antiquité, que ce soit dans l’univers familial pour l’éducation des enfants, dans les sanctuaires pour consulter les oracles ou dans les lieux publics, où l’on s’adonnait aussi bien aux jeux d’adresse qu’à ceux de plateau ou de hasard. On se laisse prendre au jeu. Et pour les envieux de nos antiques ancêtres, des jeux reconstitués invitent les visiteurs à goûter au plaisir de leurs loisirs…
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°726 du 1 septembre 2019, avec le titre suivant : Ludothèque avant notre ère