Le temps d’une exposition, le décor des pièces principales du château de Compiègne retrouve son aspect d’antan, sous Louis XVI et Marie-Antoinette, par le biais de prêts ou de reconstitutions « ex nihilo »
COMPIÈGNE - Les expositions mettant en scène des meubles et objets d’art sont suffisamment rares pour que d’emblée nous invitions le lecteur à se rendre à Compiègne. Un effort remarquable a été réalisé par Emmanuel Starcky, commissaire de l’exposition et directeur du château de Compiègne, pour retrouver et rassembler peintures, dessins et sculptures certes, mais aussi et surtout meubles, bronzes dorés et tissus qui étaient sous Louis XVI au château de Compiègne. Dispersé à l’encan en 1795 à la suite de la Révolution, l’ameublement de Compiègne est aujourd’hui disséminé dans de nombreux musées français et étrangers ainsi que dans des collections privées. Le parti pris fut donc de reconstituer, le temps d’une exposition, la décoration des principales pièces du château : soit le plus souvent, en recréant ex nihilo ces dites pièces, soit, exercice beaucoup plus périlleux, en réutilisant celles-ci, marquées par le passage du Second Empire.
Des travaux importants
Étape obligée pour les souverains qui allaient se faire sacrer à Reims, le château de Compiègne dut cependant attendre Louis XV et 1751 avant d’être l’objet d’un « Grand projet » architectural confié à Gabriel. Louis XV s’y rendait alors tous les ans, un mois ou deux, pour chasser accompagné de la Cour et de ses ministres. C’était en fait, ne se déplaça que très peu à Compiègne tant l’importance des travaux bouleversait le château : en effet, de 1776 à 1779, aucun déplacement n’y fut organisé, en fait, ne se déplaça que très peu à Compiègne tant l’importance des travaux bouleversait le château : en effet, de 1776 à 1779, aucun déplacement n’y fut organisé, puis de 1780 à 1786 il y alla fidèlement lors de « petitsvoyages », toujours effectués en septembre ou octobre et pour seulement quatre jours ! Septembre 1786 fut là sa dernière visite à Compiègne. Quant à Marie-Antoinette, tout occupée qu’elle était avec « son » nouveau domaine de Saint-Cloud (1785), elle n’y réapparut plus après 1783 !
Un décor inusité
Il est donc tout à la fois curieux et passionnant de penser qu’une grande partie du décor et de l’ameublement de Compiègne ne fut jamais vue et utilisée par Louis XVI et Marie-Antoinette. À partir de 1784, sous l’impulsion du nouveau Contrôleur général des meubles de la Couronne, Thierry de Ville-d’Avray, chargé de l’ameublement des résidences royales, on livra quantité de meubles, sièges et objets de bronze doré pour Compiègne et ce, jusqu’en août 1792, dernier mois de l’Ancien Régime.
L’exposition est donc l’occasion de (re)voir les oeuvres de tous ces artistes-artisans qui travaillèrent pour le chantier de Compiègne. On en citera quelques-unes parmi tant d’autres : la magnifique commode aux carquois de flèches, qui fut livrée en 1787 pour le martial cabinet du Conseil, après avoir été incroyablement « tripatouillée » par l’ébéniste Benneman ; elle vient d’être restaurée par le musée du château de Fontainebleau qui la présente ici ; ou les extraordinaires appliques en bronze doré exécutées par Thomire pour le salon des Jeux de la Reine en 1787, dont les motifs végétaux reprennent le taffetas de soie (ou « gourgouran ») de Pernon qui en ornait les murs hier et aujourd’hui grâce au prêt du Mobilier national (Paris) ; ou encore le racé ensemble de sièges réalisé par Séné en 1790 pour le salon des Jeux de Louis XVI (Musée du château de Versailles) dont la garniture de soie peinte (ou « pékin ») a été reconstituée à l’identique. Cette fraîcheur de ton nous rappelle ainsi la destinée du château de Compiègne, « une maison de plaisance » à la campagne.
Commissaires d’exposition : Emmanuel Starcky, Elisabeth Caude, Vincent Delieuvin Nombre d’oeuvres : 170
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Louis XVI ressuscité en son château
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 29 janvier, Château de Compiègne, 60200 Compiègne, tél. 03 44 38 47 02, tlj sauf mardi, 10h-18h, www.musee-chateaucompiegne.fr
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°250 du 5 janvier 2007, avec le titre suivant : Louis XVI ressuscité en son château