Louis XI enfin réhabilité en ses terres

Pourtant, à l’exception de quelques clichés et représentations caricaturales de sa silhouette disgracieuse hantant les films en costumes, on ignore à peu près tout de ce monarque. Pire, les rares faits que l’on prend pour argent comptant sont en réalité le fruit d’une réécriture à charge. L’occasion d’inverser la tendance était donc trop tentante pour que le Val de Loire, son bastion, où il passa la moitié de sa vie, ne s’attelle à rectifier cette image calamiteuse et ne rende enfin un hommage mérité à ce roi visionnaire et bâtisseur. Afin de commémorer le 600e anniversaire de sa naissance, les monuments étroitement liés au souverain proposent ainsi une riche programmation d’expositions, de colloques et d’événements culturels éclairant les multiples facettes de son règne. La manifestation la plus ambitieuse de cette saison thématique est assurément l’exposition présentée au château d’Amboise, consacrée à l’ordre de Saint-Michel. Il ne faut pas se laisser intimider par ce sujet qui pourrait sembler aride de prime abord, car les commissaires ont fait un remarquable travail de médiation. Mais surtout parce que cette manifestation permet de découvrir des objets spectaculaires ainsi que quelques œuvres qui invitent à reconsidérer l’action politique et l’héritage insoupçonné de ce personnage. Car l’histoire de cette décoration prestigieuse, inventée pour concurrencer la Jarretière des Anglais et la Toison d’or flamande, dévoile les arcanes du pouvoir et l’ambition du roi de bâtir un royaume puissant et moderne. Cet ordre de chevalerie devait en effet assurer la fidélité d’un cercle de puissants fidèles et accroître l’influence du pouvoir royal, fragilisé lors de la guerre de Cent Ans. Loin d’être un colifichet, cette décoration est ainsi l’un des symboles les plus éclatants de la détermination de Louis XI à agrandir le territoire de la couronne, et à créer un État fort, qui préfigure par bien des aspects la France d’aujourd’hui.