La photographe anglaise est à l’honneur de deux expositions qui affichent à travers son histoire et ses portraits une esthétique très victorienne.
LONDRES - En 1863, Julia Margaret Cameron réalisait ses premiers portraits avec l’appareil photo offert par son fils. Elle avait 48 ans. Deux ans plus tard, elle exposait à Londres au South Kensington Museum, aujourd’hui le Victoria and Albert Museum (V&A). Le V&A ne fut pas le seul à exposer la photographe de son vivant, mais le musée qui détient le fonds le plus important de ses photographies. Dans le cadre du bicentenaire de la naissance de Julia Margaret Cameron née à Calcutta le 11 juin 1815 et de sa première exposition à South Kensington Museum en 1865, Marta Weiss, conservatrice au département de photographies au V&A revient sur l’œuvre et les relations entretenues par la photographe avec ceux qui la soutinrent, en particulier Sir Henry Cole, fondateur du South Kensington Museum. Le florilège de portraits présentés de manière chronologique, de correspondances, d’agendas, de journaux personnels de Julia Margaret Cameron de Sir Henry Cole renvoie ainsi à la perception de l’œuvre – laquelle rencontra dès ses débuts le succès – et au caractère affirmé de Julia Margaret Cameron, préoccupée très tôt de la reconnaissance de son travail, de ses ventes et de sa sauvegarde.
De l’autre côté de Cromwell Road, au Science Museum, une autre exposition est consacrée à la photographe et se concentre sur les quatre-vingt quatorze photographies de l’album qu’elle offrit à son ami et mentor Sir John Herschel, qui fut le premier à lui parler de photographie en en mentionnant l’invention dans ses lettres, dès 1842.
Mises en scène théâtrales
Ces expositions, à elles deux, forment un ensemble des plus complets sur les onze années de création de Julia Margaret Cameron, tandis que l’ouvrage éclaire plus précisément sur les différentes donations faites au V&A par Julia Margaret Cameron, elle-même ou Alan S. Cole, et sur le transfert en 2000 des photographies détenues par le British Museum. Au Science Museum, le portrait de Iago, study from an Italian (1867) constitue le seul cas où Cameron a employé un modèle. Les quelques portraits de travailleurs de plantation réalisés entre 1875 et 1878, après son installation à Ceylan, s’inscrivent, eux, davantage dans une démarche anthropologique. Dans les deux cas, se perçoivent les choix, les influences et les partis pris de mise en scène de Julia Margaret Cameron conduits par la beauté des visages et leurs expressions. Son approche du sujet et son traitement diffèrent selon qu’elle fait le portrait d’enfants, de jeunes filles de sa sphère familiale, de servantes ou de célébrités scientifiques, littéraires ou artistiques de son époque – aux premiers rang desquels figurent « ses héros » : Sir John Herschel, le poète Alfred Tennyson et le poète dramaturge Henry Taylor.
En son temps, Julia Margaret Cameron bousculait les codes de la représentation. Un siècle plus tard, ses images n’en finissent pas de troubler.
Julia Margaret Cameron
Commissaire : Marta Weiss, conservateur au département de photographies au V & A
Nombre d’œuvres : 100
Julia Margaret Cameron, Influence & Intimacy
Commissaires : Colin Harding, conservateur de la photographie au National Media Museum (Bradford) et Tim Clark conservateur adjoint au Media Space.
Nombre d’œuvres : 94
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Londres célèbre Julia Margaret Cameron
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Abonnez-vous dès 1 €Julia Margaret Cameron
Jusqu’à 21 février 2016, Room 100, Victoria and Albert Museum, Cromwell Road, Londres, (Angleterre), tel. 44 20 7942 2000, www.vam.ac.uk. tlj 10h-17h30, sauf vendredi 10h-21h30, entrée libre. Ouvrage « Julia Margaret Cameron », coédition MACK-V&A, 186 p., 20 £.
Julia Margaret Cameron, Influence & Intimacy
Jusqu’au 28 mars 2016, Media Space, Science Museum, Cromwell Road, Londres, (Angleterre), www.sciencemuseum.org.uk, 10h-18h, entrée libre.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°450 du 5 février 2016, avec le titre suivant : Londres célèbre Julia Margaret Cameron