La collection photographique de Sir Elton John n’est ni pailletée, ni superficielle, ni people, encore moins autocentrée.
Bien sûr, elle comporte son lot d’icônes et de beautés physiques, mais surprend surtout par son originalité, sa rigueur et sa précision. Un court film montre le collectionneur chez lui, à Atlanta, entouré de ses huit mille œuvres acquises depuis 1991. Leur présence lui est essentielle, et sa maison n’a été choisie que pour sa surface murale, capable de tout montrer, même si c’est au prix d’un certain étourdissement visuel. Les œuvres fascinant John, elles ne sont pas juste un investissement ou une tocade, on imagine alors son désarroi devant l’absence des images qu’il a prêtées à la Tate Modern. Si l’accrochage y a été heureusement allégé, il reprend parfois cet effet de saturation dans lequel vit Elton John. Les cinq salles du parcours exposent à la perfection sa recherche raisonnée et analogique, menée sur la photographie de la première moitié du XXe siècle. Y triomphe un Man Ray portraitiste et surréaliste. Mais les tirages archicélèbres (dont beaucoup de vintages) côtoient des photographes moins connus, de Frantisek Drtikol à Pim Van Os, Jaromir Funke ou Margaret de Patta. C’est là l’un des grands plaisirs de la visite. Concentrée sur le corps et le visage dans la grande salle centrale, la collection dénote aussi un intérêt particulier porté aux expérimentations visuelles et à l’abstraction, ainsi qu’à l’école du document, principalement américain en l’occurrence. L’œil « radical » du chanteur-compositeur, qu’on savait excentrique, révèle surtout un souci d’historien rigoureux et un désir plus généreux que narcissique, totalement inattendus.
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L’obsession photographique de Sir Elton John
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Abonnez-vous dès 1 €Tate Modern, Bankside, Londres(Grande-Bretagne), www.tate.org.uk
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°699 du 1 mars 2017, avec le titre suivant : L’obsession photographique de Sir Elton John