L’intransigeance poétique d’Helen Mirra

En présentant sur deux niveaux une trentaine de ses œuvres, le Musée d’art contemporain de la Haute-Vienne offre son premier solo dans une institution française à cette artiste américaine internationalement reconnue. L’écrin splendide du château de Rochechouart, qui a accueilli Richard Long, Michelangelo Pistoletto ou Wolfgang Laib au début des années 1990, est le lieu idéal pour apprécier cette démarche exigeante qui postule comme condition d’existence le respect absolu de l’environnement, bannissant par exemple l’emploi de plastique ou de tout polluant. Ces délicates empreintes de paysage (Field Recordings), ces sculptures minimalistes en bois de palette et laine teinte au lait (Paragrafs) ou en couvertures d’hôpital militaire (Wolke, 2006) convoquent une poésie silencieuse. De l’extrême simplicité d’un ruban tendu au mur (Railroad, 1999), à l’absence d’images d’un film 16 mm rythmé par quelques touches de lavis d’aquarelle vert et bleu et le cliquetis hypnotique du projecteur (Map of Parallel 52°N at a Scale of One Foot to One Degree, 1999), cette œuvre, dans son intégrité rigoriste, en vient à risquer son propre effacement. C’est toute l’ambivalence, et la profondeur, de son propos.