L’impressionnisme en Suisse

Quarante ans plus tard, les chefs-d’œuvre de l’impressionnisme et du post-impressionnisme issus de la collection que les collectionneurs anglo-suisses Jenny et Sidney Brown ont constitué entre 1908 et 1919 sont accrochés aux cimaises de l’Hermitage. Habituellement, c’est au sein de leur résidence d’origine – la villa Langmatt de Baden, petite ville de la périphérie de Zurich – que les tableaux du couple de grands industriels sont montrés. Mais à la faveur d’une importante rénovation des lieux, la collection se fait nomade à partir de l’été 2024, s’arrêtant à Lausanne avant de rejoindre Cologne et la Galerie du Belvédère à Vienne. À l’Hermitage, la collection trouve pour écrin une maison de maître cossue de la bourgeoisie vaudoise – petites pièces, parquets grinçants et plafonds à stucs. Les soixante œuvres de haut rang signées Alfred Sisley, Auguste Renoir mais aussi Mary Cassatt, Pierre Bonnard et Paul Gauguin s’offrent ainsi au public. Un air de déjà-vu ? Pas si l’on s’intéresse aux récits des acquisitions qui, derrière ces tableaux aujourd’hui célébrés mais naguère décriés, viennent enrichir l’expérience du visiteur. Deux exemples parmi tant d’autres : les époux Brown ont eu un coup de cœur pour Eugène Boudin lors de leur voyage de noces à Paris, ils acquièrent dès 1896 deux tableaux de bord de mer de l’artiste ; pour Cézanne, c’est un achat audacieux de la nature morte Pêches, carafe et personnage en 1908 qui en a fait le premier tableau de l’artiste à entrer sur le sol suisse.