Organisée par deux conservateurs du Musée Folkwang, à Essen, Tobias Burg et Rebecca Herlemann, l’exposition qui traite le destin de l’expressionnisme dans cette institution est exemplaire.
Non pas qu’elle modifie la vision de ce mouvement, maintes fois étudié. Son grand mérite est d’examiner, à l’aide de riches archives, les rapports entre les hommes et les objets d’art dans un contexte historique bien particulier. Les hommes d’abord. En 1899, le mécène Karl Ernst Osthaus, originaire de Hagen, y réunit une collection, essentiellement d’art contemporain, ouverte au public en 1902. Les hommes encore, car c’est grâce à la proposition faite par Erich Heckel, membre de Die Brücke, à Osthaus, que ce groupe expressionniste a sa première exposition en 1907. Suivront en 1912 une manifestation du Blaue Reiter et celle, en 1913, d’Ernst Ludwig Kirchner, artiste très apprécié par le mécène. La longue liste d’acquisitions inclut, parmi d’autres, des toiles et des travaux graphiques d’Emil Nolde, d’importants ensembles de Paula Modersohn-Becker et d’Egon Schiele, mais aussi des sculptures de Wilhelm Lehmbruck et d’Ernst Barlach. En 1922 – il y a donc exactement cent ans –, après la mort d’Osthaus, la collection est transférée à Essen où son directeur, Ernst Gosebruch, poursuit et complète cet héritage. La preuve tragique de la qualité de ces œuvres est son « succès » auprès du régime nazi : 1 400 travaux ont été confisqués et nombre d’entre eux furent montrés à l’infâme exposition de l’art dégénéré en 1937. L’inventaire, de précision terrifiante, établi par les nazis et placardé sur un mur entier dans le musée, fait froid dans le dos. Renaissant de ses cendres, le musée est reconstruit après la guerre et cherche à racheter les mêmes œuvres, dispersées dans le monde entier. Présenté dans son nouveau et lumineux bâtiment (2010), l’exposition récente est un bel effort pour éviter que cette histoire, mais aussi l’Histoire, ne sombrent dans l’oubli.
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L’expressionnisme renaît à Essen
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°760 du 1 décembre 2022, avec le titre suivant : L’expressionnisme renaît à Essen