Les racines de Vivian Maier

Pourquoi elle ? Tout simplement parce qu’elle avait des origines dauphinoises par sa mère, née à Saint-Julien-en-Champsaur. L’artiste y a passé une partie de son enfance et y a résidé six ans à l’âge adulte. L’occasion était trop belle de lui consacrer une exposition comprenant cent trente images, des vues de New York et de Chicago mais aussi du Champsaur. Vivian Maier est une femme au destin peu ordinaire. Née en 1926 à New York, de condition modeste, elle a travaillé pendant quarante ans comme nourrice, tout en consacrant ses moments de liberté à la photographie. Ne quittant jamais son Rolleiflex, elle a ainsi réalisé plus de 150 000 images, principalement de personnes et d’architecture. Des images longtemps restées inconnues, un grand nombre de négatifs n’ayant d’ailleurs pas été développés. À la fin de sa vie, démunie, hospitalisée, elle ne peut plus payer la location du box qu’elle utilise pour stocker sa production. Fin 2007, tout est mis aux enchères. C’est un jeune étudiant, John Maloof, qui récupère la plupart des lots et découvre le potentiel de la production. Il organise une exposition à Chicago qui connaît un succès énorme. Le visage ou l’ombre portée de Vivian Maier rythme le parcours de l’exposition. Elle avait un intérêt assez étonnant pour l’autoportrait, jouant avec les surfaces et les formes. Elle était très au courant de la photo de son temps, son travail renvoyant à celui de Garry Winogrand ou de Diane Arbus. La plupart de ses photos sont en contre-plongée, dues au Rolleiflex, appareil apprécié des photographes humanistes. Elle prend de la même manière des enfants qui jouent, une nonne priant dans la rue, une devanture de magasin. Elle fait partie de ces photographes de rue curieux de tout, qui observent sans préjugés, sans filtre et qui donnent par leurs photos les images de notre temps.