Si l’on sait l’influence de l’impressionnisme sur les peintres américains modernes (Mary Cassatt), la contribution des artistes canadiens au mouvement reste largement méconnue du public.
Seconde étape d’une tournée mondiale qui se poursuivra l’été prochain au Musée Fabre de Montpellier, cet événement apporte un propos nouveau sur ce courant artistique français : la diffusion et la transmission de l’impressionnisme au-delà des frontières européennes grâce aux peintres canadiens. Près de cent tableaux, la plupart jamais vus en Europe, témoignent de la réappropriation des techniques impressionnistes par les peintres canadiens, ouvrant la voie à de « nouveaux horizons » artistiques. Cette exposition chronothématique (1880-1930) rend compte de l’aspect initiatique de leur carrière, de l’apprentissage à Paris, alors capitale artistique, jusqu’au retour en terre natale, en passant par la découverte des bords de mer en Normandie et des paysages de Giverny. Les parallèles avec les chefs-d’œuvre français sont légion, tant dans les motifs (plein air, modernité, portrait d’enfant) que dans le traitement des couleurs et de la lumière. En témoigne le Paysage avec coquelicots (1887) de William Blair Bruce qui fait écho au même motif exploité par Monet. Toutefois, il ne s’agit pas de simples imitations mais d’une réelle exploration esthétique qui aboutit à un style nouveau, où s’entremêlent diverses influences : fauvisme, impressionnisme, peinture nordique… Malgré un effacement des liens explicites avec le mouvement dans les dernières salles consacrées à la naissance du Groupe des Sept et du Groupe de Beaver Hall, la palette impressionniste acquiert toute sa notoriété à travers les paysages enneigés typiquement canadiens de Clarence Gagnon.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°734 du 1 mai 2020, avec le titre suivant : Les odyssées de l’impressionnisme