Profitant d’un prêt important du département des antiquités égyptiennes du Louvre, le Musée Granet d’Aix-en-Provence présente une exposition consacrée aux derniers pharaons, qui met en lumière une période peu connue de l’Égypte antique. Elle dévoile en même temps une partie de la collection égyptienne du musée, sortie des réserves pour l’occasion.
AIX-EN-PROVENCE - Les pharaons de la Basse Époque (VIIe-IVe siècles avant notre ère) n’ont encore jamais été le sujet d’une exposition en France. Derniers rois indépendants avant l’invasion perse puis romaine, ils inaugurent avec la XXVIe dynastie, dite saïte, une véritable Renaissance politique et artistique.
Afin d’illustrer ce dernier souffle de l’Égypte pharaonique, le Musée Granet a puisé dans une partie des réserves de sa collection égyptienne, jamais encore présentée dans son intégralité. Mais Aix profite également de la fermeture du département des Antiquités égyptiennes du Louvre pour accueillir plus de 90 pièces prêtées par le musée parisien.
L’exposition présente environ 130 œuvres, à la fois stèles, bas-reliefs, sculptures, bronzes, faïences et mobilier funéraire. Elle souligne l’aspect légèrement archaïsant de l’art de cette période, qui multiplie les références aux canons esthétiques de l’Ancien Empire, "la Belle Époque" égyptienne.
Les artisans des derniers pharaons préfèrent pourtant aux pierres claires des premières dynasties des matériaux plus sombres, à l’aspect très lisse. Mais les sculptures en schiste ou en diorite du Musée Granet ne doivent pas faire oublier que, comme dans l’art grec, les statues égyptiennes étaient systématiquement peintes.
La Basse Époque voit également s’accentuer le culte animalier. Les amulettes en forme de truie, de cobra ou de lionne, et les momies d’iguane ou de petit crocodile du Musée Granet sont autant de témoignages de cette zoolatrie. Le mobilier funéraire clôt l’exposition avec, comme pièce phare, le très beau sarcophage du fonds aixois.
Une telle exposition a le mérite de montrer que passé le temps des Aménophis ou des Ramsès, la plastique égyptienne n’est plus qu’une lamentable décadence. Mais saisir toutes les facettes des pièces présentées au Musée Granet requiert une connaissance préalable de la civilisation pharaonique. L’art égyptien n’a jamais cultivé l’art pour l’art.
La moindre sculpture, le moindre vase avait une fonction précise. Sans l’or, les pierres précieuses et la beauté impressionnante de Toutânkhamon ou de Néfertiti, l’exposition d’Aix court le risque de paraître quelque peu hermétique aux égyptologues néophytes.
"Les derniers pharaons." Musée Granet, Aix-en-Provence. Du 27 mai au 6 novembre. Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 12h et de 14h à 18h.
Le catalogue de la collection égyptienne du Musée Granet, rédigé par Christophe Barbotin et Bernard Terlay, est en préparation.
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Les derniers pharaons
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°14 du 1 mai 1995, avec le titre suivant : Les derniers pharaons