Art Contemporain - « Quand je m’approprie une image et la traduis en peinture, c’est à la fois une reprise et une interprétation », affirme Anthony Cudahy.
Cette manière de se nourrir d’images préexistantes est caractéristique du travail du jeune peintre américain (né en 1989), qui s’inspire autant de la grande peinture européenne que des archives queers, des arts décoratifs ou de ses proches. Pour sa première exposition institutionnelle en France, il a été invité à dialoguer avec les œuvres de la collection du Musée des beaux-arts de Dole. C’est en écho à des pièces souvent anonymes ou considérées comme mineures, choisies dans les réserves ou sur les inventaires, qu’il présente une soixantaine d’œuvres, dessins, lithographies, mais principalement des peintures, dont une trentaine ont été réalisées pour l’exposition. S’il y a peu de textes explicatifs, c’est pour favoriser une appréhension libre où les échos, plus ou moins explicites, se tissent aisément avec des pièces de différentes époques. Ici, c’est le motif d’un lion sculpté sur la porte en bois du Parlement de Dole du XVIe siècle qu’Anthony Cudahy extrait pour en faire un petit tableau. Là, un poisson découpé en tranches sur une nature morte flamande du XVIIe siècle se retrouve dans le coin d’un tableau intitulé Lineage (Lignée), qui représente une mère et son enfant. Ailleurs, c’est face à une scène de sabbat réalisée par un peintre italien anonyme du XVIIe siècle que sont présentés deux tableaux inspirés d’une Apocalypse de Jérôme Bosch, recadrée pour n’en extraire qu’un corps déchu. Dans cette même salle autour de l’occulte, un autre tableau représente deux hommes de dos, torse nu et portant un jean similaire, une évocation des « clones » caractéristiques de la communauté gay des années 1970 aux États-Unis. La peinture d’Anthony Cudahy, à la fois tendre et vigoureuse, de laquelle se dégage mélancolie et gaieté, s’impose comme une évidence au cœur de la collection du musée.
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Les conversations visuelles de Cudahy
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°765 du 1 juin 2023, avec le titre suivant : Les conversations visuelles de Cudahy