On le connaît pour ses céramiques irisées et palpitantes, mais c’est avec le bronze que Johan Creten répond à l’invitation du Middelheim d’Anvers, ce musée de sculptures en plein air, paradis des joggeurs et des amateurs d’art.
Pour « The Storm », sa plus grande exposition à ce jour, l’artiste belge basé à Paris a « planté » entre les arbres centenaires vingt-cinq œuvres dont certaines inédites. À part quelques grès et une résine, le bronze domine. Oiseau à l’envergure de nuit, creusé tel un arbre mort (The Tempest), colonnes-tentacules évoquant la flamme du Soldat inconnu (Flanders), déesses-grappes et totems phalliques redessinent le paysage. Les patines ombrageuses – mates, elles recouvrent la sculpture d’un voile de fumée – tranchent avec le doré des polis, éclaircies après l’averse. Ici la tempête tient plutôt de l’orage d’été que du gros temps ; l’ambivalence colore le ciel. Si Johan Creten a l’élégance d’un dandy échappé d’un roman de Stendhal, s’il ne jure que par l’unicité de l’œuvre et le fait-main – le bronze est couvert de ses empreintes digitales –, s’il préserve en les optimisant les techniques de fonte et l’art des patines, il ne sombre pas dans le passéisme. Certes, l’œuvre est virtuose, précieuse, érudite. Les bronzes ravivent le souvenir de la sculpture animalière. Mais le naturalisme, l’imitation ne l’intéresse pas. Rapprochez-vous : son aigle est un cormoran qui rêve d’un monde sans marées noires. Le monument perd de sa superbe, se fragilise. La tempête se politise. Et comme les parcs lui seyent à merveille, on le verrait bien un jour exposé à Versailles à taquiner les symboles de l’absolutisme.
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Les bronzes orageux de Johan Creten
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Abonnez-vous dès 1 €Middelheim Museum, Middelheimlaan 61, Anvers (Belgique), www.middelheimmuseum.be
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°670 du 1 juillet 2014, avec le titre suivant : Les bronzes orageux de Johan Creten