L’œil ne sait pas où se poser quand il franchit le seuil de la galerie 3 du Centre Pompidou, tant les innombrables volumes réalisés en fibres colorées et en tissus de tous formats, de toutes formes et de toutes teintes, captent le regard dans toutes les directions.
Née à Hastings, Nebraska (USA) en 1934, ancienne élève de Josef Albers, figure historique du Bauhaus et brillant théoricien de la couleur, Sheila Hicks a choisi depuis plus d’un demi-siècle le textile comme matériau et moteur de sa création. Elle réalise de petits objets tactiles et de somptueux volumes, avec des matériaux aussi variés que des fils de laine, de coton ou de soie, de la ficelle, des lacets de chaussures, des cordes à linge, des fibres d’inox, du raphia synthétique, des filets de pêche, des vêtements, des draps, des couvertures… Chaque œuvre, bien particulière, apparaît comme l’aboutissement d’un projet et d’un processus de création spécifique. Palitos con Bolas (2011), constitué d’une centaine de tiges de bambou et de galets entourés de fils de lin, de nylon, de coton et de soie extrêmement serrés et de toutes les couleurs, pourrait appartenir à un autre univers visuel que l’installation qui accueille le visiteur à l’entrée de l’exposition, Pockets (2016), une vaste superposition verticale de poches en coton blanches monochromes conçues pour ranger des chaussures. Sculptrice de l’espace tactile et subtilement inventive, Sheila Hicks associe avec patience la richesse des traditions textiles non occidentales à une audace très contemporaine.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°711 du 1 avril 2018, avec le titre suivant : Les bacchanales textiles de Sheila Hicks