L’Eiger, le Mönch et la Jungfrau au-dessus de la mer de brouillard, de Ferdinand Hodler

Ce paysage de Ferdinand Hodler compte parmi les chefs-d’œuvre de ce « peintre de vues », qui s’attacha toute sa vie à représenter une nature suisse vierge de la présence humaine – lacs comme celui de Thoune ou de Genève, mais aussi arbres, rochers, torrents ou glaciers. Il figura en outre plus d’une dizaine de fois ces sommets mythiques des Alpes bernoises entre 1908 et 1910, réalisant de nombreux dessins sur le motif, avant de peindre en atelier. Car, pour Hodler, le rôle du peintre est de « nous montre[r] une nature agrandie, simplifiée, dégagée de tous les détails insignifiants ». La composition de ce tableau illustre sa théorie du « parallélisme », selon laquelle la nature est ordonnée et structurée selon des principes de symétrie et de répétitions. Ainsi, dans une forêt, c’est le rythme et la verticalité des troncs qui fait émerger l’harmonie et la beauté dans la nature. Ici, les sommets de l’Eiger, du Mönch et de la Jungfrau deviennent trois triangles, dont les formes se répètent en mesure, tandis que la mer de brouillard est constituée de strates parallèles guidant le regard vers ces sommets. Récemment restaurée, cette peinture, qui avait été rentoilée à la cire, a aujourd’hui retrouvé sa richesse chromatique. Les sommets ont retrouvé leur lumière, et la neige révèle désormais ses nuances jaunes, vertes, bleues, roses, grises.