Lee Friedlander mis en scène par Joel Coen

Joel Coen, né vingt ans plus tard, est un cinéaste américain multiprimé pour les films réalisés avec son frère Ethan. C’est l’intérêt que Joel Coen porte depuis longtemps à la photographie qui a conduit un de ses amis à lui proposer de rencontrer Friedlander pour concevoir une exposition à partir de l’œuvre de ce dernier. Une première visite s’est organisée au printemps 2022 dans la maison du photographe. Le travail mené par la suite dans les archives a abouti à deux expositions distinctes pour les galeries Fraenkel à San Francisco et Luhring Augustine à New York. À la faveur de l’achat par Maja Hoffman – à l’origine de la Fondation Luma à Arles – des 70 photographies noir et blanc ici exposées, se découvre la vision du cinéaste « plus attiré par le processus de création de Lee Friedlander et son étrange sens de la composition que par un sujet spécifique », précise Joel Coen. Il est aussi intéressé par le fait que Friedlander, passionné de jazz comme lui, « est un jazzman avec un appareil photo, et le son qu’il obtient de son instrument ne ressemble à rien de ce qui a été joué auparavant ». Par séquences d’une, deux ou trois photographies de séries réalisées à vingt ou trente ans d’intervalle, et rapprochées pour des raisons graphiques, est ainsi mis en exergue l’attrait de Friedlander pour des compositions formelles construites à partir d’un poteau, d’ombres ou de reflets dans les vitres. On retrouve cette esthétique dans les autoportraits ou les portraits de sa femme, Maria, ainsi que dans le diaporama d’une grande sobriété réalisé pour l’exposition par le cinéaste à partir des photographies exposées.