Jamais ces festivals estivaux n’ont été aussi nombreux. En voici une sélection.
France. L’été foisonne en festivals, de photographie en particulier. Leur ligne artistique est cependant diverse d’un festival à l’autre, et, pour les plus importants d’entre eux, dans leur programmation même. La 55e édition des Rencontres d’Arles et les trente expositions qu’elle propose ne déroge pas à l’éclectisme. La rétrospective « Mary Ellen Mark (1940-2015) » et la traversée migratoire du Mexique menée par l’Espagnole Cristina De Middel en constituent quelques-uns des temps forts avec la photographie japonaise. Celle-ci fait l’objet de quatre expositions dont deux consacrées à de grandes figures, Ishiuchi Miyako et Uraguchi Kusukazu. Et un panorama des pratiques photographiques des femmes japonaises des années 1950 à nos jours livre une exploration inédite de son histoire sous le titre « Répliques. 11/03/2011 », focus sur douze travaux réalisés à la suite de la catastrophe de Fukushima. Le prix Découverte Fondation Louis Roederer, confié cette année à la commissaire Audrey Illouz, offre une sélection intéressante de visions inquiètes du monde avec sept jeunes photographes aux écritures visuelles distinctes parmi lesquels François Bellabas, Coline Jourdan ou Marilou Poncin.
Si la scène française ne bénéficie toujours pas de monographie à la hauteur de l’un de ses grands noms, elle montre une belle diversité avec les expositions Stephen Dock, Nicolas Floc’h, Marine Lanier, Vasantha Yogananthan, Mustapha Azeroual, Laurent Montaron et Sophie Calle.
Le programme associé aux Rencontres d’Arles offre aussi un éclairage de l’œuvre de Stéphane Duroy présenté par l’Association du Méjan à Croisière et la première rétrospective de Jean-Claude Gautrand (1932-2019) au Musée Réattu. Au parc des Ateliers, Luma poursuit son exploration de la scène américaine : la carrière de Lee Friedlander est appréhendée par le cinéaste Joel Coen.
À quelque 400 km d’Arles, dans le Gers, changement d’atmosphère avec L’été photographique de Lectoure. Comme de coutume, la programmation est resserrée : sept expositions placées cette année sous le thème de « Terra Nostra ». Sont réunis notamment pour cette 35e édition : Elaine Ling (1946-2016), Juliette Agnel, Esmeralda Da Costa, Driss Aroussi, Thomas Mailaender, Kahn & Selesnick et six jeunes photographes plasticiens corses.
À Vichy (Allier), le festival Portrait(s) propose entre autres une rétrospective « Nadav Kander » dans les espaces du grand établissement thermal de la ville. À Blois (Loir-et-Cher), les Promenades photographiques fêtent leur 20e édition avec une exposition collective à l’extérieur sur le thème de la sieste et des vacances et seize expositions brassant large, d’Edward S. Curtis (1868-1952) au végétal de Virginie Sueres et aux horizons de Jean-François Spricigo.
Dans la Sarthe, à proximité du Mans, la 12e saison photographique de l’abbaye royale de l’Épau a retenu le thème du vivant, à travers les portraits de graines de Thierry Ardouin et les arbres de Hien Lam Duc ou de Bernard Reignier, parmi d’autres.
En Bretagne, Les Balades photographiques de Daoulas (Finistère), pour leur 10e édition, font découvrir dans les jardins de l’abbaye et, dans la ville, les regards sur le Japon de Françoise Huguier et de Hans Silvester, tandis que le festival photo La Gacilly déploie dans ce village du Morbihan sa 21e édition avec un focus sur l’Australie à travers les regards de ses photographes Trent Parke, Bobbi Lockyer, Tamara Dean et Anne Zahalka. Au programme également, la rétrospective Joel Meyerowitz, les images de Gaël Turine sur les forêts sacrées du Bénin et celles de Sophie Zénon sur les sentiers côtiers bretons. Au Guilvinec, le festival L’Homme et la mer a pris modèle sur celui de La Gacilly en faisant des rues de la ville le cadre de sa programmation, où cette année se croisent les pêcheurs irlandais de Finbarr O’Reilly et les pêcheurs nomades et migrants rencontrés par Guillaume Holzer en Indonésie.
En Normandie, à Houlgate (Calvados), le festival « Les femmes s’exposent » prend lui aussi ses quartiers à l’extérieur, en particulier sur la plage où se déploient les reportages de Delphine Blast sur l’émancipation des femmes en Afrique et de Sophie Bramly sur les débuts du breakdance à New York dans les années 1980.
Visa pour l’image, à Perpignan (Pyrénées-Orientales), continue à se faire le porte-voix des travaux de la profession des photojournalistes avec, au programme de la 36e édition, un focus sur Alfred Yaghobzadeh et son regard porté sur les tumultes du monde depuis la révolution iranienne en 1979, et sur Anastasia Taylor-Lind, qui s’est plongée dans le quotidien des habitants du Donbass. L’attention portée à la situation en Cisjordanie par Sergey Ponomarev et à la France périphérique par Pierre Faure livre des reportages marquants, menés au long cours.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°637 du 5 juillet 2024, avec le titre suivant : Le tour de France des festivals de photographie