Le directeur de Visa pour l’image explique les raisons qui l’ont conduit à ne pas organiser une exposition sur la guerre à Gaza.
Une nouvelle fois, Visa pour l’image ne déroge pas à sa raison d’être de raconter le monde à travers ses conflits, crises, catastrophes naturelles et évolutions sociétales et environnementales. Au programme de la 36e édition du Festival international du photojournalisme, 26 expositions dont celle retraçant la carrière de l’Américaine Paula Bronstein et le travail de Pierre Faure sur la France périphérique ou celui encore de Jérôme Gence sur les jeunes ultra-connectés et de Francisco Proner sur les terres ravagées par les extractions minières au Brésil. L’absence toutefois d’exposition sur le massacre du 7 octobre et sur la guerre à Gaza interroge pour un festival consacré au photojournalisme et à l’actualité. Jean-François Leroy, fondateur et directeur du festival, en explique les raisons.
Jean-François Leroy : Parce ce que l’information est complètement verrouillée. On ne peut pas rentrer à Gaza. Il y a très peu de photographes que l’armée laisse travailler normalement. Quand on n’est plus dans l’information mais dans la communication, j’ai un souci. Ensuite, il y a tellement de bons photographes à Gaza qui envoient leurs photos à des magazines, ou à des agences, que je ne n’avais pas particulièrement envie d’en mettre un plus en avant qu’un autre. Je suis ravi que le Visa d’or de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik ait été décerné à Loay Ayyoub. Mais c’est le jury qui a décidé, pas moi.
J-F.L. : Les expositions collectives à Visa ne fonctionnent pas, à chaque fois c’est un flop. Les gens veulent voir le travail d’un photographe en tête-à-tête.
J-F.L. : Ce n’est pas pareil. Car dans cette exposition 75 % des images récoltées étaient des photographies ou des vidéos amateurs et anonymes, prises avec un téléphone portable. À Gaza, je peux vous citer une vingtaine de photographes : Loay Ayyoub, Jadlall, Mahmud Hams (ndlr : nominé au Visa d’or News remis le 7 septembre)… Ne retenir que deux ou trois photos de leurs reportages pour une exposition collective, je ne trouve pas ça digne. J’ai préféré que nous fassions une grande rétrospective dans le cadre de nos soirées projections. Cette rétrospective commence par le 7 octobre pour poursuivre sur la guerre à Gaza. Nous l’avons programmée le jeudi 5 septembre, car si je l’avais programmée le vendredi soir, début de shabbat, on m’aurait traité d’antisémite.
J-F.L. : Non. C’est le premier conflit auquel on est confronté où l’on ne peut rien dire sans se faire agresser par l’un ou l’autre camp. On est dans des réactions totalement épidermiques. Si je dis qu’il y a eu des massacres terroristes le 7 octobre, je suis anti-Palestinien, et si je dis que la réponse israélienne à Gaza est disproportionnée, je suis anti-Netanyahou (*). On ne peut plus discuter avec personne.
J-F.L. : Je n’en sais rien. C’est la décision que j’ai prise. Si j’en fais trop, on me le reprochera. Là, on me dira que je n’en fais pas assez. De toute façon, je ne contenterai personne. J’ai pris ma décision, je l’assume.
J-F.L. : Non je ne le crois pas. Je n’ai pas eu ces problèmes avec l’Ukraine ou le Soudan, ni sur aucun autre conflit.
(*) Contrairement à ce qui a été publié dans le JdA n°638, Jean-François Leroy avait bien entendu dit « anti-Netanyahou » et non l'inverse.
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Jean-François Leroy : « L’information à Gaza est complètement verrouillée »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°638 du 6 septembre 2024, avec le titre suivant : Jean-François Leroy, fondateur et directeur du festival VISA POUR L’IMAGE : « L’information à Gaza est complètement verrouillée »