Espagne - Art moderne

XIXE SIÈCLE-XXE SIÈCLE

Le sacre d’Hilma af Klint

Par Itzhak Goldberg · Le Journal des Arts

Le 27 novembre 2024 - 306 mots

L’artiste suédoise, reconnue depuis peu, est une pionnière de l’abstraction.

Espagne (Bilbao). Une rétrospective au Guggenheim, une confrontation avec Kandinsky à Düsseldorf, une autre avec Mondrian à Londres... L’œuvre de Hilma af Klint (1862-1944), restée confidentielle jusqu’en 1986, a parcouru un long chemin depuis. Cette année-là marque sa participation à la grande exposition de Los Angeles, intitulée The Spiritual in Art, Abstract Painting, 1890-1985. Ce n’est pas un simple hasard que, suite à cette manifestation explorant les liens entre le spirituel et l’abstraction, cette œuvre soit sortie de l’oubli. À l’instar de Mondrian, Hilma af Klint adhère à la doctrine théosophique dès 1909. Autour d’elle se forme « De Fem » (Les Cinq), un groupe d’initiés déterminés à trouver des formes adéquates pour représenter l’invisible.

L’exposition ici – dont les commissaires sont Tracey R. Bashkoff, conservatrice au Guggenheim de New York, et Lucía Agirre, conservatrice à Bilbao – est particulièrement exhaustive. On y découvre un travail composé d’aplats aux contours nets et d’une grande richesse chromatique. Parfois, comme dans le magnifique cycle Le Cygne (1914-1915), des éléments figuratifs restent encore perceptibles. Mais dès 1906, Hilma af Klint, qui pratique le spiritisme, se sent investie de la mission de réaliser une œuvre pour un temple. Elle commence alors à travailler dans un style proche du biomorphisme, où la géométrie – orthogonale ou curviligne – remplace toute représentation du réel.

Séduisante par son aspect décoratif – terme qui a acquis ses lettres de noblesse grâce à Matisse – l’œuvre mérite incontestablement de faire entrer Hilma af Klint dans le cercle prestigieux des pionniers de l’abstraction. À une différence près : là où Mondrian ou Kupka ont utilisé la pensée mystique pour justifier la disparition du sujet, tout laisse à penser que chez l’artiste suédoise, le geste pictural est avant tout au service du sacré, le visible au service du visionnaire.

Hilma af Klint,
jusqu’au 2 février 2025, Musée Guggenheim Bilbao, Abandoibarra Etorbidea, Espagne.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°644 du 29 novembre 2024, avec le titre suivant : Le sacre d’Hilma af Klint

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