SAUMUR
Romane Opalka, Marcelle Duchamp, Eugénie Delacroix… On retrouve bien sûr, dans la rétrospective qui est consacrée à la plasticienne franco-suisse Agnès Thurnauer au Centre d’art contemporain Bouvet Ladubay à Saumur, son œuvre emblématique, à savoir ses badges pop géants qui, en féminisant des noms d’artistes hommes célèbres, sont un clin d’œil malicieux à une histoire de l’art essentiellement masculine afin de souligner – même si les choses changent de plus en plus, cette série Portraits grandeur nature remontant à 2003 – la regrettable absence des artistes femmes dans le champ artistique.
Pour autant, et c’est ce que montre bien ce large panorama déployant, avec beaucoup de finesse, peintures et sculptures, il ne faudrait pas réduire cette artiste à son combat féministe. Certes, Agnès Thurnauer développe, depuis une trentaine d’années, une démarche autour de la position de la femme artiste, mais pas seulement. En choisissant ici comme prisme la couleur rose, qu’on associe ordinairement au féminin alors qu’avec Rrose Selavy, le fameux double féminin de Duchamp, elle est davantage transgenre, cette manifestation traite surtout de la question du genre, de sa représentation, à travers l’image mise en tension par le langage. Les visiteurs, après avoir traversé différentes séries, de Mapping the Studio aux Prédelles via les Peintures d’histoire, déambulent, pour finir, parmi des assises fonctionnelles (série Matrices) qui ne sont autres que des moules de trois lettres (XXY), cette combinaison faisant référence à un génome ouvert, autrement dit lové dans l’entre-deux du féminin et du masculin : naît alors en nous une confusion des genres, associée à une plasticité du langage, qui retient singulièrement l’attention.
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Le rose, couleur transgenre pour Agnès Thurnauer
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°746 du 1 septembre 2021, avec le titre suivant : Le rose, couleur transgenre pour Agnès Thurnauer