Quels dialogues, quels échos se tissent entre les œuvres de Camille et Paul Claudel au long de leurs vies et de leurs créations ? C’est ce que tente avec subtilité d’établir l’exposition « Camille Claudel, Paul Claudel : le rêve et la vie », à Nogent-sur-Seine.
La vie comme la création du poète et de la sculptrice apparaissent puissamment liées. Il lui servira de modèle pour des bustes à plusieurs âges de la vie. Elle transparaîtra dans les personnages féminins de ses pièces. En 1943, pour la mise en scène du Soulier de satin, Paul recommandera à Jean-Louis Barrault de s’inspirer d’une sculpture de sa sœur, Vertumne et Pomone– comme si seule Camille pouvait exprimer l’esprit de ses textes et de ses personnages, par-delà les mots. Et quand les mots viennent à manquer à Camille, emmurée dans le silence de l’asile où elle fut internée pendant trente ans, jusqu’à sa mort en 1943, Paul les lui donne. C’est lui qui défendra l’originalité de l’œuvre de sa sœur par rapport à celle de Rodin et sa supériorité – comme il révélera, aussi, la charge tragique de ses sculptures. « Cette jeune fille nue, c’est ma sœur ! Ma sœur Camille. Implorante, humiliée, à genoux et nue […] ! Et savez-vous ce qui s’arrache à elle, en ce moment même, sous vos yeux, c’est son âme ! », écrit-il au sujet de L’Âge mûr, où l’on voit un homme – Rodin – poussé par un personnage incarnant la vieillesse, s’éloigner d’une jeune femme suppliante et éperdue. Aujourd’hui encore, c’est par le regard poétique de Paul que nous abordons l’œuvre de Camille. Un dialogue artistique envoûtant.
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Le rêve de Camille, les mots de Paul
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°717 du 1 novembre 2018, avec le titre suivant : Le rêve de Camille, les mots de Paul