Jeanne d’Arc humblement agenouillée, les mains sagement croisées sur son giron, écoute les voix du ciel lui insuffler sa mission.
C’est cette iconographie proche de celle de la Vierge d’humilité assise à même le sol, qui assura à la Jeanne d’Arc à Domrémy d’Henri Chapu, son succès. En effet, ce n’est pas une Jeanne d’Arc en armure, Athéna des temps modernes qui emporte alors tous les suffrages. La période – 1870 – est propice à la diffusion du mythe, récupéré par les partis politiques destabilisés. La sculpture apparaît au salon de 1872 comme l’image de l’espoir du redressement de la France, la personnification de l’Alsace et la Lorraine arrachées à la patrie. Son succès n’est pas qu’historique. Henri Chapu, prix de Rome en 1955, est apprécié pour son naturalisme, sa simplicité dans le traitement des volumes dans la lignée de Rude. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, l’œuvre connaît une grande diffusion à travers des gravures et des terres cuites. L’influence est notable chez des sculpteurs tels que Paul Dubois et Alfred Lenoir, un peintre comme Jean-François Millet, jusqu’à la caricature du général de Gaulle par Effel en 1959 ! Déposé pendant plus de 30 ans à la mairie d’Amboise, le grand marbre entré au Musée du Luxembourg en 1874, exposé au Louvre dès 1908, retrouve enfin la place qu’il mérite. L’exposition sous la houlette d’Édouard Papet nous permet une redécouverte d’envergure.
Musée d’Orsay, jusqu’au 19 septembre.
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Le retour de Jeanne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°508 du 1 juillet 1999, avec le titre suivant : Le retour de Jeanne