Lorsqu’il parcourt les alentours romains en compagnie de Nicolas Poussin et de Pieter Van Laer, le Lorrain bouleverse, sans le savoir, l’exercice de son métier (Berges boisées, vers 1640-1645).
La peinture est désormais contaminée par l’extérieur, par des éléments exogènes à sa définition traditionnelle. À l’air libre, Claude affronte le monde – visible –, quitte à le recomposer en atelier, à le soumettre au compas de la raison et à la toise de l’abstraction (Paysage panoramique, vers 1660-1665).
Une leçon pour Turner et Friedrich
Il faut se souvenir que dans la célèbre lettre qu’il adressa dans les premières décennies du xviie siècle à Teodor Ameyden, le marquis Vincenzo Giustiniani assigne au paysage le septième rang dans une hiérarchie des genres picturaux qui, selon lui, en compte douze. C’est donc peu dire que le chemin à faire est long, et semé d’embûches.
Or, Claude, en donnant au paysage de belles lettres – classiques –, s’exempte tôt des critiques traditionnelles et peut, en retour, s’adonner à des dévergondages graphiques, à des recherches étonnantes dont sauront se souvenir tous les paysagistes à venir, tous ceux qui, à commencer par Friedrich ou Turner, feront de la Nature le lieu des tempêtes et des passions. Les choses iront vite avant que l’impressionnisme ne vienne renouveler ce genre majuscule. En 1707, le théoricien de l’art Gérard de Lairesse peut déjà se féliciter : « Quoi de plus satisfaisant que de parcourir le monde sans aller au-dehors ? »
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Le paysage pour héritage
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°635 du 1 mai 2011, avec le titre suivant : Le paysage pour héritage