Le minimalisme au féminin

Au total, dix-sept femmes artistes sont ainsi exposées, mêlant des figures historiques à des artistes contemporaines liées de près ou de loin à l’art minimal. Les œuvres présentées sont toutes relativement récentes, oscillant entre 1990 et aujourd’hui. Elles présentent les caractéristiques du minimalisme comme une puissante radicalité, une réduction aux modalités formelles et une approche phénoménologique de la perception et de l’espace, mais ne s’en tiennent jamais là, faisant toujours un pas de côté. Un rapport à la nature, au sacré, au corps habite l’exposition comme autant de voies de traverse et de résistance à l’enfermement dans une case trop définie. Et c’est à travers ces échappées que l’exposition nous conquiert. La fresque monumentale de Claudia Comte (née en 1983, en Suisse), en forme de zigzag rigoureusement réalisé qui court le long des murs, semble d’emblée vouloir faire sortir l’exposition d’un cadre trop minimaliste. Une mystérieuse spiritualité hante les blocs de Julia Mangold (née en 1966, en Allemagne), trois parallélépipèdes en bois à l’aspect métallique qui trônent dans l’espace central, de même que la toile blanche de Marthe Wéry (1930-2005, Belgique) posée à même le sol, ou encore les bandes d’Agnes Martin (1912-2004, États-Unis), adepte de la répétition et des tracés de lignes à la main. La toile au kaolin de Gloria Graham (née en 1940, aux États-Unis) suggère des liens profonds entre science et conscience. Dans un autre espace, les petits tableaux de Mary Obering (née en 1937, aux États-Unis) mêlant des aplats de couleurs et de feuilles d’or, hantés par la Renaissance, entament un troublant dialogue avec le monolithe en cuivre de Meg Webster (née en 1944, aux États-Unis) et la délicate toile blanche d’Anne Truitt (1941-2004, États-Unis), telle une invitation à la méditation. L’exposition se clôt avec la nouvelle vidéo de la jeune artiste belge Ariane Loze (née en 1988), qui explore avec désinvolture les statements de l’art minimal.