Art ancien

Le déchiffreur de hiéroglyphes et le dévôt Osirien

Musée des beaux-arts de Lyon (69) – Jusqu’au 31 décembre 2022

Par Marie Zawisza · L'ŒIL

Le 25 octobre 2022 - 338 mots

Égypte Antique - « Je vous montrerai toutes mes richesses et vous serez en votre qualité de dévôt osirien, le premier à en jouir en France.

J’attends, mon cher ami, votre réponse avec impatience : que le Grand Amon vous inspire la résolution d’accomplir mon vœu », écrit Jean-François Champollion le 28 décembre 1829, de Toulon. Le père de l’égyptologie, qui a déchiffré les hiéroglyphes sept ans plus tôt, rentre alors de son expédition en Égypte. Par cette missive, il invite son ami François Artaud, brillant archéologue, premier directeur du musée de Lyon, à le retrouver à Aix, « aux pieds de la statue du bon roi René ». Étrangement, François Artaud, qui n’hésite pas pourtant à confier à Champollion combien il l’« idolâtre », déclinera l’invitation, pour cause de rhume et de fatigue. C’est la dernière lettre connue du déchiffreur des hiéroglyphes, qui mourra un an plus tard, âgé de 42 ans, à celui qui fut son ami et admirateur fidèle, et dont les objets égyptiens nourrirent ses recherches, à une époque où les inscriptions hiéroglyphiques étaient rares dans les collections françaises. À l’occasion du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes, le Musée des beaux-arts de Lyon retrace cette amitié féconde dans une exposition dossier qui valorise ses collections. Pour remonter les pistes et faire ressurgir ce passé, les commissaires sont allées jusqu’à étudier des archives inédites de l’académie de Lyon, qu’elles ont croisées avec l’histoire des collections du musée. Autour de la relation personnelle et scientifique de Champollion et de François Artaud, l’exposition donne ainsi à voir l’intérêt des Lyonnais pour l’Égypte avant même l’expédition de Bonaparte, comme elle présente aussi les antiquités égyptiennes entrées dans les collections du musée à l’initiative de François Artaud. Pointu ? Peut-être. Mais, présentés avec clarté et pédagogie, les fruits de leurs recherches nous font découvrir avec émerveillement l’amour de l’ancienne capitale des Gaules pour l’Égypte antique, en même temps que la fabuleuse aventure lyonnaise de Champollion. Cette dernière se poursuit dans le catalogue et sur le site du musée, où l’on peut retrouver la correspondance des deux hommes.

« À la recherche des hiéroglyphes oubliés. Jean-François Champollion / François Artaud »,
Musée des beaux-arts de Lyon, 20, place des Terreaux, Lyon (69), www.mba-lyon.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°759 du 1 novembre 2022, avec le titre suivant : Le déchiffreur de hiéroglyphes et le dévôt Osirien

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