Les peintures dans le goût « troubadour » collectionnées par l’impératrice Joséphine retrouvent le chemin de la Malmaison.
RUEIL-MALMAISON - Première épouse de Napoléon Ier, l’impératrice Joséphine (1763-1814) fut une collectionneuse impénitente, acquérant indifféremment peintures de maîtres anciens et tableaux de jeunes artistes – quelque 450 œuvres au total. Mais fut-elle pour autant une collectionneuse avisée ? « On a parfois fait de l’impératrice le portrait peu flatteur d’un personnage superficiel, achetant un peu de tout, sans discernement, par simple besoin de se conformer à la mode ; plusieurs témoignages montrent que son goût pour la peinture était réel et s’appuyait sur une certaine connaissance de son histoire », estime Alain Pougetoux, commissaire de « L’impératrice et ses peintres », dans Le Petit Journal accompagnant l’exposition de la Malmaison. Conservateur du Musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau, ce dernier a réuni dans la résidence favorite de Joséphine une cinquantaine de ses œuvres « modernes ». Certaines, en rejoignant les cimaises de la petite galerie, ont d’ailleurs retrouvé leur emplacement d’origine, documenté par une aquarelle d’Auguste Garnerey (1812). Généralement de petit format, ces peintures mettent en scène des héroïnes médiévales aux amours contrariées (Héloïse, cloîtrée au couvent, Françoise de Rimini, tuée avec son amant par un mari jaloux) et des princes à l’esprit chevaleresque (François Ier, Charles VII) sur fond d’architectures pseudo gothiques, conformément au goût « troubadour » alors en plein essor. Après avoir exalté les vertus antiques et le classicisme davidien, l’école française de peinture renoue en effet au début du XVIIIe siècle avec l’art et l’histoire de l’Ancien Régime. La vraisemblance historique importe peu dans ces compositions au fini impeccable, faisant la part belle au pittoresque et à l’« histoire anecdotale », selon les termes de Denon. Ayant pour interprètes le Lyonnais Fleury Richard, Coupin de la Couperie ou encore Jean Antoine Laurent, ces représentations offrent d’une scène à l’autre peu de variété, déclinant jusqu’à satiété la même formule : les malheurs d’héroïnes des siècles passés, rendus avec un sentimentalisme et un souci du détail un peu lassants. On leur préfèrera les peintures de fleurs collectionnées par l’impératrice (aquarelles de Redouté et bouquets de Jan Frans van Dael), qui était une grande amatrice de botanique, et surtout certains de ses paysages, telle cette Vue d’un petit pont à Tivoli croquée par Turpin de Crissé, d’un naturalisme rafraîchissant après tant de préciosité « anecdotale ».
Jusqu’au 1er mars, Musée national du château de Malmaison, av. du Château, 92500 Rueil-Malmaison, tél. 01 41 29 25 55, tlj sauf mardi, 10h-12h30 et 13h30-17h15, le week-end 10h-17h45. Catalogue éd. RMN, 250 p., 50 euros.
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Le charme désuet des troubadours
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°186 du 6 février 2004, avec le titre suivant : Le charme désuet des troubadours