Pour cette première exposition d’art contemporain au domaine champenois Pommery, Paul-François Vranken, président du groupe, a sollicité le concours de la commissaire Stéphanie Moisdon.
Une cinquantaine de sculptures, dont une dizaine de productions spécifiques, ont ainsi pris place dans cet espace majestueux datant du milieu du XIXe siècle. Stéphanie Moisdon précise que la problématique principale a été celle de l’interprétation même des œuvres, le rapport entre la perception sculpturale et la notion d’image. Quelle est aujourd’hui la contemporanéité de nos modes de perception ? À une époque où les œuvres sont progressivement distinguées à travers leur reproduction, leur devenir-image, les créations se doivent d’être photogéniques et l’art devient un catalogue. Partant de cette réflexion, les œuvres sélectionnées s’avèrent elles-mêmes souvent des reproductions : les créations historiques relèvent pour la plupart de multiples quand les plus contemporaines sont généralement le résultat d’accumulations, de citations ou de samplings. Éric Troncy, invité à présenter ce qu’il nomme un display, corrobore totalement ce discours en mettant en espace une sculpture tournante de Sol LeWitt, de ce fait réinterprétée par rapport à ce que l’on connaît de l’artiste, avec une œuvre de Bertrand Lavier « plagiant », à l’aide de néons, un tableau de Frank Stella. « L’ensemble de l’exposition consiste à montrer des œuvres connues, mais dans un nouveau contexte. » Le visiteur lambda, qui ne disposera pas nécessairement de toutes ces informations, pourra néanmoins se laisser séduire par des sculptures que l’on revoit ou découvre avec plaisir telle cette Joconde est dans les escaliers de Robert Filliou, la Question Mark d’Artschwager, le Blind Bear de Valentin Carron ou les Ghosts d’Olaf Breuning, parmi tant d’autres. Mais il pourra aussi reprocher au curator, qui a dû s’accommoder de ce lieu presque trop impressionnant et transformer son parcours en une sorte de chasse aux trésors, d’avoir proposé ce qu’elle dénomme elle-même des œuvres disposées en creux, en négatif. Nous sommes bien loin de la white box et la confrontation entre patrimoine et œuvres contemporaines s’avère souvent enrichissante, mais cette exposition peine à faire oublier que l’on visite les caves d’un producteur de champagne renommé.
« Genesis Sculpture », REIMS (51), domaine Pommery, 5 place du général Gouraud, tél. 03 26 61 62 56, jusqu’au 15 octobre.
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L’art contemporain et le champagne : un bon ménage ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°561 du 1 septembre 2004, avec le titre suivant : L’art contemporain et le champagne : un bon ménage ?