“L’Arc noir”, de Kandinsky

Ou, plutôt, « son » chef-d’œuvre. Car, de fait, le Musée national d’art moderne, dont la collection est présentée sur les niveaux 4 et 5 du Centre Pompidou, possède plusieurs œuvres iconiques de l’art du XXe siècle, à l’instar de La Muse endormie (1910) de Brancusi, chef-d’œuvre de pureté du sculpteur, de La Blouse roumaine (1940) de Matisse, modèle de l’art du peintre, ou des Bleu I, II et III (1961) si profonds de Miró. Pourtant, aucune œuvre ne semble devancer véritablement les autres aux yeux du public, comme La Joconde de Vinci au Louvre ou Les Demoiselles d’Avignon de Picasso au MoMa. Alors, le Mnam a entrepris ces derniers mois une vaste réflexion pour choisir la ou les œuvre(s) qui le représenterai(en)t le mieux. Tableau avec l’arc noir, de Vassily Kandinsky (1866-1944), peint à l’automne 1912 à Munich, fait assurément partie des heureuses élues. Cette œuvre, originale par son format carré, est l’une des premières toiles non figuratives de l’histoire de l’art. Avec ses grandes taches de couleur rythmées par de grands traits noirs, elle illustre la conception de la composition et de la dissonance chez l’auteur de Du spirituel dans l’art. Pourtant, Kandinsky n’a pas totalement rompu, ici, avec la réalité, l’arc noir suggérant la forme d’une pièce de harnachement d’un cheval : la douga, qui réapparaîtra dans une composition de 1919 (En gris). Ce Tableau avec l’arc noir, qui a fait la couverture du catalogue de la rétrospective itinérante « Kandinsky » en 2009, est entré dans les collections du Mnam en 1976, quelques mois avant l’ouverture du Centre Pompidou, à la faveur de la donation de Nina Kandinsky, seconde épouse du peintre russe.