Parallèlement à l’exposition du Palazzo Grassi consacrée aux expressionnistes allemands (lire ci-dessus), le Martin-Gropius-Bau de Berlin propose un très large panorama de la nation germanique au XXe siècle, vue par ses artistes. La manifestation met l’accent sur un pays aussi puissant que tourmenté.
BERLIN. Eckhart Gilien, commissaire de l’exposition, a voulu montrer la vision de l’Allemagne qu’ont eu les artistes germaniques, des années trente à nos jours. Le parcours, jalonné par près de 460 œuvres de 100 artistes, débute à l’époque de la montée du nazisme, pour mettre en évidence les différentes réactions face aux inquiétudes grandissantes. Les créateurs proches du Bauhaus, tels que Joseph Albers et Paul Klee, ont alors recherché un monde meilleur dans la peinture et les arts appliqués. Les premiers germes informels de Hans Hartung et de Wols témoignent au contraire de la prise de conscience de l’anachronisme de l’art en tant que narration. Max Ernst découvre une intériorité non moins inquiétante que la réalité objective, tandis que les œuvres de Max Beckmann, Otto Dix et Willi Baumeister font la chronique du drame en cours. L’après-guerre et les conséquences de la séparation des deux Allemagnes constituent le chapitre le plus fort de l’exposition. Le face à face entre la figuration "noire" d’Harald Metzkes ou de Manfred Boettcher de l’École de Berlin-Est, et le noir dans l’abstraction d’Emil Schumacher ou Günther Uecker est saisissant. Le commissaire n’a pas exclu les témoignages ultérieurs de peintres restés fidèles au verbe figuratif de l’Est, comme Bernhard Heisig. L’attention est cependant concentrée sur les osmoses et les échos, de part et d’autre du Mur, notamment avec les nouveaux exilés de l’époque, Baselitz, Penck et Polke. Ces derniers ont été, dans les années soixante, les protagonistes de la "reprise du débat" – comme l’on disait alors – après la parenthèse de l’après-guerre et de l’Allemagne convalescente. Les années quatre-vingt marquent cependant le triomphe du Néo-expressionnisme, avec Lüpertz, Oehlen et Immendorf, avant celui des recherches de Rosemarie Trockel, Martin Kippenberger, Günter Forg, Anselm Kiefer ou Gerhard Richter.
IMAGES D’ALLEMAGNE, jusqu’au 11 janvier, Martin-Gropius-Bau, BerliÂnische Galerie, StreseÂmannÂstraße 110, Berlin, tél. 49 30 25 48 60, tlj sauf lundi 10h-20h.
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L’Allemagne en autoportrait
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°44 du 26 septembre 1997, avec le titre suivant : L’Allemagne en autoportrait