Préhistoire

L’abbé Breuil, la préhistoire pour sacerdoce

Par Colin Lemoine · L'ŒIL

Le 1 juin 2006 - 354 mots

Lorsque Henri Breuil (1877-1961) répond à sa vocation religieuse à l’âge de dix-huit ans, rien ne permet encore d’estimer que derrière l’appel de Dieu couve une singulière destinée. 

Le jeune séminariste, ordonné prêtre au tournant du siècle, est attaché à Saint-Sulpice avant d’être déchargé de toute activité paroissiale. La raison en est simple : versé en religion, le jeune homme vient d’avoir une révélation supplémentaire, celle de la préhistoire.

Grand prêtre de la discipline soixante années durant, l’abbé Breuil est à nouveau l’hôte de L’Îsle-Adam puisque le musée Louis-Senlecq expose le parcours de ce savant remarquable qui eut pour dernière demeure cette charmante cité des artistes invitant à un surprenant pèlerinage.

Titulaire d’une licence d’histoire naturelle en 1904, l’abbé Breuil enseigne à l’université de Fribourg l’année suivante puis à l’Institut de paléontologie humaine et à la Sorbonne avant que le Collège
de France ne crée pour lui, en 1929, la première chaire de préhistoire. Et si les honneurs semblent venir du ciel, l’abbé Breuil est avant tout un insatiable homme de terrain, voire des souterrains puisqu’il avoua avoir erré dans les grottes pas moins de huit années de sa vie. De la France à l’Afrique australe via la Chine, il arpenta ces lieux peuplés de traces hiéroglyphiques, procédant à des relevés systématiques dont l’exposition présente de précieuses pièces, véritables suaires passionnés et envoûtants.

Érudite, l’exposition n’en est pas moins didactique, explorant les arcanes d’une pensée obsédée par la classification méthodique des premiers gestes humains et dont quatre cents siècles d’art pariétal (1952) est une bible encyclopédique, au milieu des huit cent trente-quatre publications de l’abbé Breuil recensées. Photographies, dessins et chefs-d’œuvre voisinent afin de donner corps à l’une des figures mondiales d’une discipline alors émergente. Aussi la restitution audiovisuelle des  peintures de la grotte de Lascaux permet-elle de visiter en compagnie de celui que l’on baptisa le « pape de la préhistoire » ce lieu magique qu’il aimait à comparer à une chapelle... la Sixtine.

« Sur les chemins de la préhistoire, l’abbé Breuil du Périgord à l’Afrique du Sud », musée Louis-Senlecq, L’Isle-Adam (95), tél. 01 34 69 45 44, jusqu’au17 septembre 2006.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°581 du 1 juin 2006, avec le titre suivant : L’abbé Breuil, la préhistoire pour sacerdoce

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