Sujet inédit jusqu’alors que celui abordé dans cette exposition : montrer comment le retour aux sources de l’art grec et la rupture avec les canons académiques ont conduit Bourdelle, libéré de l’ombre de Rodin, à s’engager dans un renouveau plastique plus que jamais audacieux et novateur.
Il a en tête les leçons des maîtres du Louvre, il va les révolutionner et les épurer. Sa méthode : retrancher pour simplifier. Toutes des chefs-d’œuvre absolus, les sept sculptures exécutées entre 1900 et 1920, choisies par un commissariat tripartite et présentées en sections distinctes, condensent et réfractent les passions intimes et esthétiques qui animent le sculpteur, son amour pour son élève grecque Cléopâtre Sevastos, son sens de la dynamique des mouvements, son désir de synthèse, sa connaissance des mythes.
Le visiteur est guidé au long du parcours par les dessins, les pièces préparatoires, les photos dont Bourdelle se sert pour assembler la femme et la déesse (Torse de Pallas), modeler un Apollon solaire, transposer Pomone, elle-même dérivée d’un satyre de Praxitèle (Le Fruit), et monumentaliser la pleureuse de Béotie (Pénélope). Avec le Centaure mourant, émouvante union homme-cheval qu’il conçoit en 1914, il atteint le sommet de la puissance née de l’hybridation des formes.
Œuvre célèbre qui triomphe au Salon de 1910, « brute superbe », son Héraclés joue entre le vide et le plein pour forcer les tensions. Ici bloc géométrique, là rocher, on mesure l’importance du socle vu par Bourdelle comme l’appui primordial. Les œuvres signées Ingres, Modigliani, Matisse, Zadkine, Picasso, entourant et se confrontant aux siennes, mettent en perspective le rôle de passeur du statuaire. Ainsi, les dialogues qui s’établissent avec les Trois Baigneuses de Cézanne, un Torse de jeune fille de Brancusi, ou la Femme assise de Picasso donnent à ses statues une densité visuelle et une charge symbolique inégalées. À la charnière du classique et de la modernité, Bourdelle met toujours dans l’humain une part de divin.
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La relecture de l’antique par Antoine Bourdelle
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°708 du 1 janvier 2018, avec le titre suivant : La relecture de l’antique par Antoine Bourdelle