C’est un royaume presque oublié qui semble ressusciter à Draguignan : la Lotharingie, née de la partition de l’empire de Charlemagne.
Passé à son fils Louis le Pieux, l’empire est divisé en trois royaumes à la mort de ce dernier, attribués à chacun de ses trois fils. À Lothaire Ier revient un territoire qui va de la mer du Nord à l’Italie, coincé à l’est et à l’ouest entre celui de ses deux frères. Ces deux-là n’auront de cesse de le grignoter après sa mort prématurée, auquel succède son fils, Lothaire II. Quand celui-ci meurt à son tour, son royaume se restreint à une zone entre Metz et Aix-la-Chapelle et une autre comprise entre la Belgique, l’Allemagne et la France, qui comprend aussi le Luxembourg : c’est à ce territoire que l’on donne le nom de Lotharingie. L’exposition « Trésors de Lotharingie », conçue par Isabelle Bardiès-Fronty, conservatrice générale au Musée de Cluny, déroule l’histoire de l’art de ce royaume sur les trois étages de l’Hôtel départemental des expositions du Var. Elle l’inscrit non seulement dans un temps plus large, depuis l’empire de Charlemagne, – et même avant, un diplôme de 774 signé de sa main ouvre l’exposition – jusqu’à l’an mille, mais aussi dans un espace plus vaste faisant dialoguer ses créations avec celles de l’empire byzantin et de l’Islam, ainsi que celles des Celtes et des Scandinaves. On vole ainsi, dans cette exposition exceptionnelle, d’étoile en étoile : 125 œuvres venues des plus prestigieuses institutions, sur environ 200 qui nous sont parvenues de cette période, nous donnent à admirer et mieux comprendre la flamboyance en même temps que l’infinie délicatesse de l’art carolingien. Devant nos yeux émerveillés se dévoile un monde où les pages de certains évangiles sont pourprées, copiées en lettres d’or et d’argent, où une reliure est ornée d’une plaque d’ivoire sculptée représentant la Crucifixion et insérée dans une somptueuse bordure d’orfèvrerie sertie de pierres précieuses, d’émaux, de plaques d’or… Le parcours s’achève avec un très beau visage sculpté de Lothaire, notre hôte délicat au sein de cette exposition qui se prolonge avec un catalogue passionnant et superbement illustré. Marie Zawisza
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
À la recherche d’un royaume oublié
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°767 du 1 septembre 2023, avec le titre suivant : À la recherche d’un royaume oublié