À la recherche des Sioux

L’exposition « Sur la piste des Sioux » retrace la fabrique de cet imaginaire depuis les grandes découvertes, à travers dessins, récits de voyageurs, films ou bandes dessinées. Au cœur et à l’origine de l’exposition, une étonnante et remarquable collection, celle de François Chladiuk, dont l’histoire est aussi merveilleuse que rocambolesque. Ce Belge qui, depuis son enfance, ne rêvait que de cow-boys et d’Indiens s’est vu un jour proposer par un antiquaire huit malles en métal contenant des objets indiens. François Chladiuk y jette un coup d’œil, comprend que ce sont des pièces authentiques des années 1920-1930, et sans trahir la moindre émotion, se hâte d’acheter l’ensemble. Il constate que ces coiffes, vêtements et autres accessoires proviennent d’un Wild West Show, ces grands spectacles qui se développent en Europe à la fin du XIXe siècle pour plonger le public dans l’atmosphère du Far West. Un vieil agenda retrouvé au fond de l’une des malles permettra à François Chladiuk de retrouver l’origine de ces objets : ils avaient été achetés à des Indiens à l’occasion de l’Exposition universelle et internationale de Bruxelles de 1935. Peu à peu, le collectionneur parvient à identifier les familles indiennes auxquelles ils ont appartenu. Un long périple le conduit jusqu’aux États-Unis, au Dakota du Sud, où il rencontre deux fils d’une de ces familles, les Littlemoon. Ces derniers ont ainsi pu retrouver une partie de la mémoire de leur famille, qui n’avait pu leur être transmise : leur père était mort en 1942, terrassé par la foudre, et l’école où ils devaient oublier leur langue avait achevé de leur ravir leur histoire. Si leur rencontre avec François Chladiuk leur a rendu une partie de cette mémoire, nous retrouvons, nous, visiteurs de l’exposition, celle de la construction de notre regard qui, faisant voler en éclats nos stéréotypes, nous permet de voir la douloureuse histoire occultée par les flèches et les tipis projetés dans notre cinéma intérieur.