Au premier abord, l’exposition peut sembler un peu chaotique. En présentant simultanément trois artistes issus d’horizons fort différents, Chantal Crousel offre en effet un aperçu de ses dernières découvertes. Pourtant la comparaison des œuvres et la juxtaposition des pièces dénotent d’une incroyable cohérence.
Darren Almond, Graham Gussin et Anri Sala s’interrogent tous, chacun à leur manière, sur les conditions modernes du témoignage, sur l’inscription de celui-ci dans un territoire aussi géographique qu’affectif. Ainsi, Darren Almond construit, depuis une dizaine d’années, des installations vidéo assez déroutantes. Chacune de ses pièces parle du temps et de notre expérience de la durée toujours réductible à notre profonde appréhension de la mort. Un petit film, projeté en boucle, montre un pont de cargo avançant dans l’océan. Plus loin, de grandes photographies représentent des territoires urbains inoccupés situés hors du temps.
Mais la véritable révélation de cette exposition reste Anri Sala. Déjà remarqué lors de son passage à l’exposition « Voilà » au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, ce jeune artiste né en 1974 à Tirana (Albanie) explore avec un grand talent les multiples façons dont l’Histoire interfère toujours avec notre vie. Dans Intervista, il confronte sa mère à un vieux film d’archive la montrant à l’époque où elle faisait l’apologie du régime communiste alors en place. Dans Byrek, sa nouvelle vidéo, il réalise un plat traditionnel albanais à partir d’une recette envoyée par sa grand-mère. À travers ce témoignage très simple, il interroge la notion d’identité dans sa confrontation avec un passé chargé de résonances historiques.
PARIS, galerie Chantal Crousel, jusqu’au 6 janvier.
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La recette d’Anri Sala
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°522 du 1 décembre 2000, avec le titre suivant : La recette d’Anri Sala