En 1933, l’Orangerie des Tuileries accueillait la commémoration du centenaire du voyage de Delacroix au Maroc. Soixante et un ans après, c’est au tour de l’Institut du Monde Arabe de célébrer, à travers une centaine d’œuvres, un des événements les plus \"médiatiques\" de la vie et de la carrière de l’artiste, grâce au soutien de nombreuses collections publiques et privées de France mais aussi d’Europe, des États-Unis et du Japon.
Pour documenté qu’il soit, ce voyage, qui n’a cessé de susciter la curiosité et l’intérêt des principaux biographes de Delacroix, n’a pas encore livré tous ses secrets et bien des œuvres qui s’y rattachent échappent aujourd’hui même aux investigations des chercheurs. Le fait n’a rien d’étonnant : lors de la vente organisée en 1864 après le décès de l’artiste, des milliers de dessins furent dispersés sous différentes rubriques, parmi lesquelles le "Voyage au Maroc" comptait à lui seul, mis à part une centaine d’études cataloguées pour la plupart une à une et sept albums relatifs au Maroc et à l’Espagne, des lots de 250 et de 800 feuilles !
Quant aux peintures, hormis celles qui furent très vite – et parfois du vivant même de Delacroix – acquises par des musées (c’est le cas du Sultan du Maroc, envoyé à Toulouse en 1845 ou du Kaïd, chef marocain, acquis en 1839 par la ville de Nantes, n° 84 et 69), leur passage d’une collection à l’autre ne peut être soumis au moindre contrôle et chercher à les localiser relève parfois de l’exploit. Sans prétendre proposer une reconstitution systématique de cette partie de l’œuvre de Delacroix (bien des prêts souhaités n’ont pu être obtenus en raison de la fragilité de certaines pièces), cette exposition contient quelques raretés, tant en peinture qu’en dessin.
Indépendamment des œuvres qui n’avaient pas été exposées depuis 1933 (n° 39, Maison à Tanger ; n° 48, Deux études de "mechla" ; n° 56, Un caïd, chef militaire dans sa maison, par exemple), on y trouve en effet des peintures et des dessins dont la trace avait été perdue depuis fort longtemps (n° 66, Muletiers de Tétuan) ou qui n’avaient jamais été montrées à Paris depuis plus d’un demi-siècle, du moins dans le cadre de manifestations centrées sur Delacroix (n° 1, Maure assis ; n° 2, Femme juive en costume de fête ; n° 10, Procession à Tanger ; n° 14, Étude d’Arabe assis ; n° 36, Les remparts de Meknès ; n° 50, Cavalier arabe chargeant ; n° 52, Halte de cavaliers arabes aux environs de Tanger ; n° 54, Soldats endormis dans un corps de garde ; n° 71, Guerrier près d’un tombeau ; n° 86, Deux Arabes assis ; n° 100, Les bords du fleuve Sébou (Royaume de Maroc) ; n° 101, Vue de Tanger prise de la côte, notamment).
Accrochées à proximité de compositions aussi célèbres que les Exercices militaires des Marocains (n° 58), le Kaïd, chef marocain (n° 69) ou l’immense portrait du Sultan du Maroc (n° 84), ces œuvres confèrent à l’exposition le piquant de la découverte et de l’imprévu.
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La première exposition depuis 60 ans
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°7 du 1 octobre 1994, avec le titre suivant : La première exposition depuis 60 ans