La mode sous toutes les coutures

Musées et expositions automne-hiver

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 19 décembre 1997 - 1511 mots

À l’image de la mode, les musées qui lui sont consacrés changent à chaque saison. La fragilité des textiles, sensibles notamment à la lumière et la poussière, ne permet pas une exposition permanente. À ces facteurs techniques s’ajoute l’ampleur des collections, sans cesse enrichies par des dons des couturiers ou de leurs clientes. La plupart des musées ont donc adopté le principe des présentations tournantes ou organisent des expositions temporaires autour de leurs collections.

MUSEES

À PARIS

- Musée de la mode et du textile, Palais du Louvre, 107 rue de Rivoli 75001 Paris, tél. 01 44 55 57 50, mardi à vendredi 11h-18h, samedi et dimanche 10h-18h, mercredi 11h-22h.
Le premier Musée de la mode, né de l’action conjointe de l’Union centrale des arts décoratifs (UCAD) et de l’Union française des arts du costume, avait été inauguré en 1986 dans le pavillon de Marsan, au Louvre. Des locaux inadaptés ont rendu nécessaire l’aménagement de nouveaux espaces, ouverts en janvier dernier dans l’aile du Louvre réservée à l’UCAD. Riche de 81 000 œuvres (16 000 costumes du XVIIe siècle à nos jours, 35 000 accessoires de mode et 30 000 pièces de textile), le musée bénéficie de dons prestigieux par les plus grands couturiers (Balmain, Dior, Chanel, Lanvin…). Le thème qui ordonne la présentation des collections varie deux fois par an. Actuellement, les costumes exposés déclinent le thème de la géométrie. En général, seul 1 % des œuvres est visible dans les vitrines. Pour permettre malgré tout aux amateurs, chercheurs et professionnels d’y avoir accès, il comporte un centre de documentation, avec un cabinet des estampes offrant 50 000 gravures et dessins originaux, une photothèque de 430 000 numéros, dont 500 vidéos, une bibliothèque (livres, catalogues, dossiers documentaires) et une salle des fichiers.

- Musée de la mode et du costume, Palais Galliera, 10 avenue Pierre-Ier-de-Serbie, 75016 Paris, tél. 01 47 20 85 23, tlj sauf lundi et jours fériés 10h-17h40 (voir Expositions).
Costumes des XVIIIe et XIXe siècles, haute couture et prêt-à-porter contemporains : le fonds du musée de la Ville de Paris est régulèrement sollicité pour les expositions temporaires, comme “Costumes à la cour de Vienne” ou “La Parisienne à la Belle Époque”. Le déménagement des réserves vers le XIe arrondissement devrait à terme libérer des espaces pour la présentation des œuvres.

EN PROVINCE

- Musée du costume, 2 rue du Château, 58120 Château-Chinon, tél. 03 86 85 18 55 ; 1er mai-30 juin et 1er sept-31 oct, tlj 10h-18h ; 1er juil-31 août, 10h-19h ; 1er novembre-30 avril, sam. dim., jf et vacances scolaires 10h-18h. Fermé en janvier.
La collection Jules Dardy, achetée par la ville de Château-Chinon, a été installée en 1992 dans l’hôtel particulier de la famille Buteau-Ravisy. Dans cette collection exclusivement française, les costumes parisiens voisinent avec les costumes régionaux. Du XVIIIe siècle à nos jours, le musée retrace l’histoire de la mode sous un angle à la fois historique et sociologique, en soulignant les diversités vestimentaires selon les classes de la société.

- Musée Christian Dior, Villa “Les Rhumbs”, jardin public Christian-Dior, 50400 Granville, tél. 02 33 61 48 21, tlj sauf lundi 10h-12h30 et 14h30-19h.
Il s’agit du seul musée monographique consacré à un couturier, installé qui plus est dans la villa que la famille Dior a habitée entre 1905 et 1932. Détail pittoresque, c’est le jeune Christian lui-même qui, vers 1920, a dessiné le plan d’eau et la pergola. Après plusieurs expositions de préfiguration, les aménagements permanents du musée on été inaugurés en juin dernier. L’intérieur de la villa restitue l’environnement domestique du couturier et présente une sélection de modèles haute couture, rassemblés en grande partie grâce à des dons.

- Musée de la mode, Espace Mode-Méditerranée, 11 La Canebière, 13001 Marseille, tél. 04 91 56 59 57, tlj sauf lundi 12h-19h.
Le musée, créé en 1989, réunit des collections principalement centrées sur la haute couture contemporaine, Chanel étant la maison la mieux représentée. Expositions monographiques et thématiques alternent dans des salles dessinées par Wilmotte. La dernière en date, qui s’achève le 31 décembre, adopte un point de vue original puisqu’elle s’intéresse à l’envers des vêtements. Regarder le dos, le dessous ou le revers, c’est découvrir à la fois les artifices utilisés pour modeler la silhouette et la variété des procédés de couture. De son côté, le travail de création prend parfois l’envers comme motif, laisse les coutures apparentes ou produit des vêtements réversibles. Pour le premier semestre 1998, le thème retenu est celui de la plume. Signalons enfin l’exposition “Mondrian, la mode et le design”, de février à avril 1998.

- Musée international de la chaussure, 2 rue Sainte-Marie, 26100 Romans-sur-Isère, tél. 04 75 05 81 30 ; 2 janvier-30 juin, du mardi au samedi 9h-11h45 et 14h-17h45 ; 1er juillet-31 août, du lundi au samedi 10h-18h ; toute l’année, dimanche et jf 14h30-18h. Fermé 1er janv, 1er mai, 1er nov et 25 déc.
La fabrication de chaussures constitue l’activité principale de la ville. Un musée consacré à la chaussure y a donc naturellement trouvé sa place. Les collections sont extrêmement vastes, couvrant toutes les périodes historiques, de l’Antiquité à nos jours, et toutes les latitudes. En complément, des expositions de créateurs contemporains sont régulièrement organisées et ont conduit certains stylistes à envisager de confier une partie de leur production aux manufactures de Romans.

EN BELGIQUE

- Musées royaux d’Art et d’Histoire, parc du Cinquantenaire, 1000 Bruxelles, tél. 32 2 741 72 11, du mardi au vendredi 9h30-17h, we et jf 10h-17h. Fermé le lundi et certains jours fériés.
On trouve de tout aux Musées royaux d’Art et d’Histoire : de l’archéologie, des émaux médiévaux, de l’art océanien… mais aussi des collections de costumes qui font l’objet de présentations thématiques.

VOIR AUSSI

- Musée de la chemiserie et de l’élégance masculine, rue Charles-Brillaud, 36200 Argenton-sur-Creuse, tél. 02 54 24 34 69 ; 1er mai-31 oct., tlj sauf lundi 9h30-12h et 14h-18h ; 1er nov-31 avril, 10h-12h et 14h-17h.

- Musée du chapeau, 16 route de Saint-Galmier, 42140 Chazelles-sur-Lyon, tél. 04 77 94 23 29 ; 1er juil-31 août, tlj 14h-18h ; 1er sept-30 juin, tlj sauf mardi 14h-18h.


EXPOSITIONS

- THE WARHOL LOOK/GLAMOUR STYLE FASHION, jusqu’au 18 janvier, Whitney Museum of American Art, 945 Madison Avenue, New York, tél 1 212 570 3676, tlj sauf lundi et mardi 11h-18h, jeudi 13h-20h.
Consacrer une exposition aux rapports de Warhol avec la mode peut sembler extravagant, et l’examen des objets présentés tendrait à renforcer cette impression. Dans les années 1950, Andy Warhol a commencé sa carrière  dans la mode en dessinant les vitrines du grand magasin Horne à Pittsburgh. À New York, le même genre de tâche lui a été confiée, ainsi qu’à Johns, Rauschenberg et Rosenquist. Ces vitrines ont été reconstituées dans l’exposition. Une autre section présente les vêtements imprimés de motifs empruntés à son œuvre picturale. Gianni Versace avait par exemple créé une veste “Liz”. Les affinités de Warhol avec la mode prennent parfois des détours plus surprenants, puisqu’il a célébré, notamment dans ses films, l’émergence des drag queens. Le Musée de la mode de Marseille devrait accueillir cette manifestation à l’automne 1998.

- MODE ET JARDINS, jusqu’au 26 avril, Musée de la mode et du costume, Palais Galliera, 10 avenue Pierre-Ier-de-Serbie, 75016 Paris, tél. 01 47 20 85 23, tlj sauf lundi et jours fériés 10h-17h40. Catalogue : De la mode et des jardins, par Frank Horvat et Catherine Join-Diéterle, éditions Imprimerie nationale et Paris musées, 200 p., 380 F.
Jardins à la française ou à l’anglaise, emblématiques ou Art déco, ce sont autant de modèles qui ont inspiré les créateurs de costumes. S’appuyant sur ses collections, le Palais Galliera esquisse des correspondances, quelquefois  subtiles, fondées sur des motifs particuliers – comme la pagode qui fleurit dans les jardins dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle – ou sur les modes d’ordonnancement des jardins. Cette approche thématique permet une lecture transversale de l’histoire du costume, qui privilégie les affinités formelles plutôt que le déroulement chronologique. Des jardins à la française, par exemple, la mode a retenu la symétrie et les rinceaux rappelant les parterres de broderies, motifs que l’on retrouve aussi bien dans des vêtements du XVIIIe siècle que sur une robe de Balmain. Cette exposition donne lieu à la publication d’un ouvrage, De la mode et des jardins, dont toutes les photographies sont l’œuvre de Frank Horvat.

- OLIVIER LAPIDUS ET LA SOIERIE LYONNAISE, jusqu’au 1er mars, Musée des tissus, 34 rue de la Charité, 69002 Lyon, tél. 04 78 37 15 05, tlj sauf lundi et jours fériés 10h-17h30.
Le couturier Olivier Lapidus a pris l’habitude de donner un thème à chacune de ses collections. Pour la celle de haute couture automne-hiver 1994-1995, il avait choisi de rendre hommage
aux soieries lyonnaises, dans un Hymne à la soie qui lui avait valu le “Dé d’or”. Afin de célébrer la donation au Musée des tissus de Lyon d’une partie des modèles, une soixantaine d’entre eux et leurs accessoires y sont présentés jusqu’au 1er mars.

VOIR AUSSI

- TALONS ET CHAUSSURES, jusqu’au 31 décembre, Musée de la mode, Marseille :
Les hauts et les bas du talon à travers les âges, des formes classiques aux expérimentations
les plus extravagantes. 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°50 du 19 décembre 1997, avec le titre suivant : La mode sous toutes les coutures

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