À la lumière d’Erwin Olaf

Le couple dispose d’une quinzaine de ses pièces, dont Barbara de la série « Grief », montrant une femme en combinaison de soie rose saumon assise, tournant le dos au miroir de la coiffeuse de sa chambre, le regard absorbé dans on ne sait quelle pensée. « La partition d’Erwin Olaf mêle l’intime, l’introspectif et l’histoire de l’art dans ses jeux de lumière. Elle est très représentative des choix que nous faisons  », explique Estelle Francès, commissaire de « Light Box » dans les espaces de leur fondation à Senlis. L’exploration du rôle et des enjeux de la lumière chez le photographe néerlandais, qu’elle met en regard  dans cette exposition avec d’autres pièces d’artistes de leur collection, souligne à cet égard la grande cohérence de leur choix. L’énigme du réel, le poids de l’histoire avec un grand ou un petit « h », traités dans un déploiement de détails vertigineux, distillent chez Erwin Olaf un silence ravageur. La mélancolie, la solitude propres à chacun de ses personnages flirtent avec la violence subie, contenue, tue ou à venir. Le temps qui s’effeuille dans l’installation L’Arbre et son ombre de Samuel Rousseau ou qui se fige dans le corps de l’enfant diaphane, à moitié drapé et allongé, endormi ou mort, de Désirée Dolron font écho aux questionnements, aux références d’Erwin Olaf. Devant ce condensé de métaphores, de réalités en résonance qu’une grande clarté ou au contraire qu’une sombre lumière éclaire dans le désir de créer, de subjuguer le trouble et sa prégnance, le temps se fige comme pris lui aussi dans sa propre réflexion et répétition.