Disparition - Photographie

Disparition du photographe Néerlandais Erwin Olaf

Par Louise Wagon · lejournaldesarts.fr

Le 22 septembre 2023 - 560 mots

LA HAYE / PAYS-BAS

Reconnu mondialement pour ses étranges mises en scène, le photographe est mort à 64 ans des suites d’une maladie pulmonaire.

Erwin Olaf. © Sebastiaan ter Burg, 2012, CC BY-SA 2.0
Erwin Olaf.

Erwin Olaf, photographe néerlandais volontiers provocateur, est décédé à l’âge de 64 ans, des suites d’une transplantation pulmonaire qui a échoué. Son décès a été annoncé dans la soirée du 20 septembre sur son compte Instagram. « Il y a quelques semaines, Erwin a subi une transplantation pulmonaire. Il semblait s’en remettre, mais soudainement, son état de santé s’est détérioré. Il n’a pas pu être réanimé », indique le communiqué. 

Né à Hilversum, aux Pays-Bas, en 1959, Erwin Olaf a étudié le journalisme à Utrecht avant d’exercer en tant que photo reporter. Mais c’est surtout par son travail artistique qu’il s’est fait connaître sur la scène internationale. Son style très personnel, sophistiqué, se caractérise par un éclairage quasi pictural et des mises en scène très formalistes, représentant des personnages souvent marginaux ou transgressifs, comme des punks ou des membres de la communauté queer. 

Qualifiant le travail du Néerlandais de « cinématographique », le magazine Times avait écrit en 2013 à propos de son exposition « Berlin » : « A cheval entre les mondes de la photographie commerciale, de la photographie d’art et de la photographie de mode, [Erwin Olaf] se moque souvent de chacun d’eux. »

Ses premières séries, réalisées dans les années 1980 et 1990, témoignent d’un imaginaire singulier et provocateur, qui fait voler en éclats les tabous de la société. Dans Chessmen, qui lui vaut le prix du Jeune Photographe Européen de l’Année en 1988, il représente des femmes obèses, des personnes atteintes de nanisme ou une femme enceinte en bottes vernies noires comme les pièces d’un échiquier macabre. Dans Squares, il joue avec les codes du sadomasochisme, mettant en scène une vieille femme obèse, un bébé ou encore une femme qui vomit des bijoux. Dans la même série, il se représente le visage recouvert de grosses gouttes comme après une éjaculation faciale. Dans Fashion Victims (2000), il dénonce la société de consommation et la superficialité de la mode en montrant des visages recouverts par des sacs de marque de luxe (Gucci, Yves Saint Laurent, Calvin,…), exhibant leur sexe dans un érotisme noir.

En 1996, on lui diagnostique un emphysème pulmonaire, une maladie qui détruit les alvéoles et réduit son espérance de vie. Erwin Olaf ne cachait pas sa maladie et s’en inspire même pour réaliser des autoportraits, dont le plus saisissant est I Am, I Wish, I Will Be (2009), un triptyque qui montre le photographe en trois temps : d’abord en bonne santé, puis torse-nu et sexy, les pectoraux retouchés selon son idéal masculin, et enfin intubé, amaigri, le regard halluciné et la bouche ouverte. 

Consacré par de nombreuses expositions muséales, Erwin Olaf avait célébré ses 40 ans de carrière en 2019 avec plusieurs rétrospectives majeures de son œuvre au Gemeentemuseum et Fotomuseum de La Haye, au Shanghai Center of Photography, ainsi qu’au Rijksmuseum qui a acquis 500 pièces de l’artiste – photos, vidéos, portfolios, livres – couvrant toute sa trajectoire. A Paris, il a été exposé à l’Institut néerlandais, rue de Lille, et à Paris Photo.

Militant LGBTQ+, Erwin Olaf a été anobli aux Pays-Bas pour son 60e anniversaire en reconnaissance de son travail de défense des droits de la communauté homosexuelle. Il a également réalisé des portraits officiels de la famille royale néerlandaise en 2017, dans un style très peu conventionnel. 
 

Tous les articles dans Création

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque