Ce n’est qu’au XIXe siècle que naît la Grèce en tant qu’État-nation. À l’époque antique, elle était constituée de cités-États qui furent par la suite intégrées dans l’empire d’Alexandre le Grand, puis les empires romain, byzantin et enfin ottoman à partir de 1453.
Prenant racine dans Byzance, l’identité grecque s’est construite sous les Ottomans autour de l’Église orthodoxe. La Grèce antique renaît aux XVIIe et XVIIIe siècles, à travers les érudits et les voyageurs occidentaux. Constantinople et Smyrne en Asie Mineure ont longtemps abrité une forte communauté grecque où a prospéré une bourgeoisie enrichie par le commerce maritime. C’est cette bourgeoisie, présente aussi dans les Balkans et autour de la mer Noire, qui constitue à Odessa, en 1815, une société secrète en vue de préparer la révolution.
1821 La date officielle du début de l’insurrection est le 25 mars 1821, mais la guerre d’indépendance a débuté en février en Moldavie lorsqu’une armée grecque engage le combat contre les Ottomans. L’insurrection s’étend ensuite dans le Péloponnèse où des paysans soldats alliés à des bandits de grand chemin (les klephtes) s’attaquent aux garnisons et aux symboles turcs. Les massacres de Scio en 1822 et la chute de la ville-forteresse Missolonghi, en 1826, enflamment les Occidentaux, qui soutiennent la cause hellène. Au début réticentes, les trois puissances tutélaires que sont la France, l’Angleterre et la Russie imposent au sultan en 1827 un État grec (sous suzeraineté ottomane).
1832 Après l’assassinat en 1831 de Jean Capo d’Istria, le premier président de l’État grec – épisode culminant de la rivalité entre les différents groupes sociologiques qui luttent pour l’indépendance –, les grandes puissances, avec l’accord d’une partie des Grecs, décident de créer une monarchie et se mettent à la recherche d’un roi étranger. Othon Ier, le fils de Louis Ier de Bavière, accepte la couronne, il a alors 17 ans. Catholique – il le restera –, il s’entoure surtout de Bavarois, creusant progressivement un fossé avec la population. En 1834, il décide de transférer le siège de son pouvoir à Athènes, qui n’est alors qu’un bourg de 5 000 habitants, et entreprend de développer une nouvelle ville, puisant dans l’héritage antique mais selon un néoclassicisme très allemand. En 1843-1844, sous la pression des militaires, une constitution monarchique est adoptée.
1863 Des tensions intérieures et extérieures avec l’Angleterre et la France conduisent à l’éviction d’Othon. Le très autocratique roi était devenu un ardent promoteur de la « Grande Idée », cette aspiration des Grecs à déplacer leurs frontières vers le nord et l’est et à récupérer des terres habitées par d’autres Grecs, contrariant les ambitions des puissances tutélaires. Il est remplacé par un Danois, Georges Ier, qui parvient à récupérer la Thessalie en 1881, à la faveur d’une nouvelle configuration géostratégique. Sous son règne, la Grèce continue à se moderniser. Le canal de Corinthe est inauguré en 1893. L’École française d’Athènes, créée en 1846, commence les fouilles de Délos en 1873 et celles de Delphes en 1891. Les premiers Jeux olympiques de l’ère moderne ont lieu en 1896.
1913 La Grèce se joint à l’insurrection des Serbes et des Bulgares contre la « Sublime Porte ottomane » pour récupérer la Macédoine et l’Épire au cours de la première guerre balkanique, puis se retourne contre la Bulgarie pour gagner la Macédoine orientale et la Thrace occidentale. Entre-temps, la Crète rejoint la Grèce. Georges Ier est assassiné, son fils Constantin Ier lui succède. Favorable à l’Allemagne, il refuse d’engager le royaume aux côtés de la Triple-Entente (France, Angleterre et Russie impériale) et entre en conflit avec le Premier ministre pro-alliés Elefthérios Venizélos. Il abdique en 1917 provisoirement au profit de son fils Alexandre Ier.
1923 Le traité de Lausanne conduit à un gigantesque échange de population entre la Grèce et la Turquie d’Atatürk : environ 1,3 million de Grecs quittent l’Asie Mineure, principalement la région de Smyrne occupée un temps par l’armée grecque, tandis que 350 000 musulmans font le chemin inverse. C’est la fin de la « Grande Idée » et des ambitions géographique de la Grèce.
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La Grèce moderne en 5 dates
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°575 du 15 octobre 2021, avec le titre suivant : La Grèce moderne en 5 dates