Le 25 juin 1967, un groupe de voyageurs s’envole de Madrid à destination de Cuba.
Dans l’avion ont pris place à titre d’hôtes officiels de la Révolution, entre autres personnalités, Adami, Camacho, César, Couturier, Erró, Lam, Monory, Rebeyrolle, Télémaque. Le 16 juillet, ils sont rejoints par un second groupe composé cette fois de Duras, Giroud, Jouffroy, Penrose, Szeeman… Tous sont venus inaugurer, le 30 juillet, le Salon de Mai importé de Paris.
« Viens vite Fidel. » Mais Castro n’arrive pas…
C’est Wifredo Lam qui, de retour sur l’île d’abord en 1963, puis en 1966, a l’idée de convier à Cuba le Salon parisien, où il expose depuis 1954. Pour Cuba, il s’agit assurément d’une opération de séduction internationale, le Salon étant, selon un journaliste local en 1967, « un des événements les plus importants pour les arts plastiques dans le monde ». À Paris, où l’on est encore sous le joug de l’enthousiasme de Sartre et de Beauvoir qui ont fait le voyage en 1960, et où la gauche cherche une alternative au modèle soviétique, on accepte l’invitation.
C’est ainsi que le 17 juillet 1967 une centaine d’artistes et d’intellectuels européens et cubains se retrouvent devant une gigantesque toile de 55 mètres carrés sur laquelle Aillaud et Arroyo ont dessiné une spirale découpée comme un jeu de l’oie en un certain nombre de cases identiques. Chaque champ est attribué par tirage au sort, mais il revient à Lam d’occuper la partie centrale du panneau. En mémoire du 26 juillet 1959, le champ 26 est attribué à Fidel Castro. « Ven pronto Fidel » (Viens vite Fidel) est-il écrit cinq cases plus loin, mais le Lider máximo n’arrive pas, et le champ reste finalement vide.
Terminée le 18 juillet 1967, la fresque revêt une dimension finalement plus politique qu’esthétique. « Merci à Cuba qui a rendu son sens au mot révolution », écrit un Maurice Nadeau sous le charme, tandis que César multiplie le profil de Castro.
Exposée l’année suivante au Salon de Mai à Paris, la Murale, qui a fait le voyage à Montréal pour l’exposition, ne sera finalement visible que quelques heures. Car une autre « révolution » se prépare à Paris, qui oblige le Salon à fermer ses portes : Mai 1968.
Nathalie Bondil, directrice du Musée des beaux-arts de Montréal, commissaire de l’exposition
Pourquoi une expo Cuba au Canada”‰?
Il faut savoir qu’un demi-million de touristes canadiens se rendent chaque année à Cuba. Les liens touristiques, économiques et diplomatiques sont très importants avec cette région des Caraïbes. Les Canadiens ont donc une vision différente de celles que peuvent porter la France et les États-Unis sur l’île.
Comment est né le projet”‰?
En sortant d’une exposition sur l’Égypte, une petite fille a demandé à sa mère, qui travaillait au bureau du tourisme de Cuba à Montréal, pourquoi n’étaient-elles pas allées visiter une exposition sur Cuba. Cette personne m’a aussitôt contactée pour me proposer de nous rendre sur place afin de voir si un partenariat culturel était envisageable. Une fois là-bas, nous avons été soufflés par l’art et les artistes cubains.
Est-il facile de travailler avec Cuba”‰?
Nos intentions étant claires dès le départ, nous avons pu monter
l’exposition que nous voulions...
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La grande « Murale » de Cuba
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°601 du 1 avril 2008, avec le titre suivant : La grande « Murale » de Cuba