Bruxelles (Belgique)

La création belge au temps de la Grande Guerre

Musées royaux des beaux-arts de Belgique jusqu’au 22 janvier 2017

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 13 décembre 2016 - 362 mots

Cette exposition parle d’art et d’histoire. Elle replace, plus précisément, les artistes et leurs œuvres dans un lieu et dans une époque.

À travers une sélection de peintures, de dessins, de sculptures et de documents historiques, les Musées royaux de Bruxelles interrogent la création artistique belge au temps de la Grande Guerre. Son titre, « Rupture ou continuité ? », pose d’emblée la question et dévoile une pluralité et une simultanéité de groupes artistiques divers. Ainsi, sont présentées des œuvres découlant des nouveaux courants internationaux mais également les travaux prolongeant les traditions belges d’avant-guerre. Paradoxalement, la Première Guerre mondiale est une période féconde pour l’art belge. Bruxelles et Anvers sont considérées comme des places d’art internationales. Elles regardent vers Paris, ainsi que vers l’Angleterre et l’Allemagne. Avant 1914, les influences principales sont l’impressionnisme, l’Art nouveau et le symbolisme, les courants modernistes du XXe siècle ne se répandant qu’assez lentement en Belgique. Malgré le retentissement de l’exposition des futuristes italiens à Bruxelles en 1912, le futurisme d’un Jules Schmalzigaug ou d’un Edmond Van Dooren ne joue qu’un rôle marginal dans le paysage artistique belge. La Première Guerre mondiale s’inscrit comme un moment de rupture qui va stimuler l’essor de l’avant-garde. Si James Ensor est considéré comme l’un des grands précurseurs de l’expressionnisme, ce n’est qu’après la guerre que se formera un mouvement cohérent en Flandre belge, avec des artistes de l’école de « Sint-Martens-Latem », Constant Permeke, Gustave de Smet et Frits Van den Berghe. À la même époque, dans le sillon de l’impressionnisme et sous l’influence du fauvisme français, un autre groupe va apparaître sous le nom de fauvistes brabançons, actifs essentiellement entre 1906 et 1917, avec, pour chefs de file, Rik Wouters et Ferdinand Schirren. Les années 1920 verront éclore un groupe d’artistes à travers l’abstraction géométrique ou Plastique pure, mouvement relativement éphémère dont les pionniers, Jozef Peeters, Karel Maes et Victor Servranckx, prendront des directions divergentes. Il faudra attendre la fin de la Deuxième Guerre pour que l’abstraction géométrique retrouve sa vigueur. Jo Delahaut sera l’un des principaux artisans de sa renaissance. Voilà une remarquable exposition qui offre une vision globale de la création artistique belge dans une période bouleversée.

« 14-18. Rupture ou continuité ? »

Musées royaux des beaux-arts, 3, rue de la Régence, Bruxelles (Belgique), www.fine-arts-museum.be

Légende Photo :
Rik Wouters, Portrait de Simon Lévy,1913, huile sur toile, 100,5 x 80,2 cm, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles © Photo J. Geleyns – Ro Scan

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°697 du 1 janvier 2017, avec le titre suivant : La création belge au temps de la Grande Guerre

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