PARIS
En 1973, à la demande de Dominique et John de Menil, Henri Cartier-Bresson sélectionne dans ses archives les « 385 photographies qu’il considère les meilleures ».
Le couple de collectionneur franco-américain et le photographe sont des amis de longue date. Cartier Bresson a alors 65 ans et a décidé de revenir au dessin. Dans son choix, on retrouve les différentes périodes de sa vie de photographe. L’articulation par pays prévaut pour finir sur quarante-neuf portraits, de William Faulkner à Irène et Frédéric Joliot-Curie. Nombre de photographies sont déjà passées à la postérité. Jusqu’à présent, cet ensemble, dénommé Master Collection ou Grand Jeu, n’avait jamais fait l’objet d’une exposition en Europe. L’achat par François Pinault d’un des deux exemplaires de ce corpus détenus par la Fondation initie une exposition à la BnF au parti pris original, signé Matthieu Humery. Car, dès le début, le propos du conseiller photo pour la Collection Pinault a été de confier la lecture de ce corpus à cinq regards d’horizons différents selon une règle commune : sélectionner moins de 60 tirages de cet ensemble sans connaitre le choix des autres et concevoir une exposition dans ses moindres détails. Ont été ainsi invités l’homme d’affaires et le collectionneur François Pinault, la photographe Annie Leibovitz, l’écrivain Javier Cercas, le cinéaste Wim Wenders et la directrice du département des Estampes et de la Photographie à la BnF, Sylvie Aubenas. L’ensemble forme cinq expositions indépendantes mises bout à bout. Leur choix suscite au final la curiosité par ce qu’il provoque en réflexions, celle de Sylvie Aubenas offrant une analyse enlevée de ce Grand Jeu dont on ne lasse pas de regarder les photographies.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°744 du 1 juin 2021, avec le titre suivant : La BnF sort le « Grand Jeu » de Cartier-Bresson