Cartier Bresson face au paysage

Cette sélection de photographies aboutit, deux ans plus tard, au livre Paysages chez Delpire. Deux expositions s’organisèrent par la suite en France. Le retour aujourd’hui d’Agnès Sire sur ce choix est une magnifique invitation, au-delà d’une relecture de l’œuvre, à découvrir ce que la notion de paysage recouvre pour Cartier-Bresson. On y retrouve des photographies passées à la postérité, telles celles des bords de Seine ou de Marne, et d’autres moins connues. L’introduction de quelques dessins du photographe par la directrice artistique de la fondation HCB apporte un éclairage intéressant sur son approche des deux médiums. « La photographie est une action immédiate, le dessin une méditation », disait-il. Le fait aussi, à deux reprises, de montrer les deux versions d’une prise de vue s’avère tout aussi instructif sur le choix décisif qu’induit une sélection d’image. Que ce soit celle concernant une place de Livourne en Toscane, avec ou sans le cycliste qui la traverse, ou celle des escaliers de Sifnos, en Grèce, montés en courant par une fillette ou tranquillement par un pope : il est le prolongement de la notion de « tir photographique », que Cartier-Bresson préférait à celle « d’instant décisif ». Les quelques grands formats exposés ramènent quant à eux à une entorse que fit le photographe pour l’exposition de Tokyo : celle d’accepter ce type de taille qui modifie la perception que l’on peut avoir communément de ces photographies.