La BD au musée

« Bande dessinée, 1964-2024 » offre non seulement de réviser ses classiques du 9e art, modernes et contemporains, mais aussi de mettre en regard, avec un panel à 360°, la bande dessinée européenne, les mangas asiatiques et les comics américains. Pour éviter la monotonie des planches alignées, l’accrochage alterne les formats – avec des couvertures, des carnets, dont certains inédits, des archives, mais aussi des dessins muraux – et multiplie les supports, grâce à des dispositifs audiovisuels (donnant accès à des entretiens d’auteurs) ainsi que des créations numériques. Un des grands mérites de l’exposition est également de permettre de prendre conscience des liens entre ces œuvres, d’un foyer d’expression à un autre, d’une génération à la suivante. On mesure combien Mœbius a ouvert la voie à davantage de liberté dans le 9e art. On observe les filiations plus intimes : l’univers de Catherine Meurisse témoigne en filigrane de l’inspiration puisée chez son aînée Claire Bretécher. Dans la section thématique « Géométrie », on comprend le protocole que Jochen Gerner a mis en place pour son projet RG, entièrement construit en référence aux aventures de Tintin. C’est ainsi toute une culture de l’image, qui se donne à voir et à comprendre, jusque dans sa porosité avec les autres disciplines, comme la peinture, le cinéma, le jazz et la danse dont Blutch, par exemple, revendique pleinement les influences.